Depuis qu’elle est devenue Première ministre italienne en 2022, Giorgia Meloni a développé une relation notable avec Elon Musk. Le milliardaire technologique a assisté à l’édition 2023 du festival politique de Meloni, Atreju, et elle a défendu ses récents commentaires politiques. Leur relation a attiré une attention significative au cours des derniers mois concernant un potentiel accord de 1,5 milliard d’euros pour employer le service internet par satellite Starlink de Musk pour fournir des communications militaires sécurisées au gouvernement italien.
Starlink, opéré par SpaceX, utilise une constellation de satellites en orbite terrestre basse pour fournir une connectivité internet, en particulier aux zones mal desservies ou éloignées. Le service est opérationnel en Italie depuis 2021, servant environ 50 000 clients, mais des discussions avec des ministres suggèrent une possible expansion aux communications gouvernementales sécurisées. Les pourparlers incluraient apparemment des dispositions pour les communications militaires des 7 000 soldats italiens déployés à l’étranger et des services d’urgence tels que la réponse aux catastrophes ou les opérations de lutte contre le terrorisme — pour lesquelles Meloni dit qu’il n’y a « aucune alternative publique ». Cependant, le bureau du Premier ministre a nié avoir signé des contrats, soulignant que les discussions avec SpaceX étaient encore « à un stade préliminaire ».
L’accord potentiel a suscité un débat houleux en Italie. Les partis d’opposition, principalement le Parti démocratique (PD), ont exprimé une inquiétude significative concernant l’accord, arguant que confier les communications sensibles du gouvernement et de l’armée italienne à une entité privée étrangère comme SpaceX soulève de sérieuses préoccupations en matière de sécurité nationale et de souveraineté. Un sénateur du PD a décrit ce mouvement comme une « vente inacceptable de la souveraineté nationale », soulignant le danger de dépendre d’une entreprise appartenant à Musk, connu pour ses positions politiques controversées et ses liens étroits avec des figures de droite à l’international. La crainte est que des données sensibles pourraient potentiellement être en danger si elles ne sont pas strictement gérées sous contrôle italien ou européen. Les critiques de l’accord soutiennent que l’Italie devrait favoriser ses propres capacités technologiques ou soutenir les programmes satellites de l’Union européenne comme Iris, qui doit être lancé en 2029, plutôt que de sous-traiter à une entreprise basée aux États-Unis.
Il y a également des préoccupations concernant les implications économiques de l’accord. Les critiques au sein du PD suggèrent que ce partenariat pourrait écarter les entreprises locales et européennes, affectant ainsi les opportunités d’emploi dans le secteur des télécommunications en Italie. L’opposition a souligné que les services de Starlink entrent directement en concurrence avec les opérateurs de télécommunications locaux, ce qui pourrait conduire à une monopolisation du marché par SpaceX. Cela pourrait avoir des effets négatifs à long terme sur l’industrie des télécommunications en Italie, réduisant l’incitation à l’innovation et à l’investissement local.
Beaucoup des critiques de l’opposition sont valables, mais e discours sur la souveraineté nationale sonne creux venant du Parti démocratique. Depuis sa création au milieu des années 2000 — et même dans ses incarnations post-communistes précédentes — le parti a constamment défendu et facilité le transfert étendu de la souveraineté économique de l’Italie à l’Union européenne. En effet, il a souvent rejeté la notion même de souveraineté nationale, préférant l’idée de « souveraineté européenne ». De plus, le parti est resté largement silencieux sur les nombreuses entreprises italiennes qui sont passées sous propriété étrangère ces dernières années — souvent sous sa surveillance — ou sur l’influence croissante des fonds d’investissement américains, en particulier BlackRock, dans certaines des plus grandes entreprises du pays.
Il semble donc assez clair que la véritable préoccupation du parti n’est pas la souveraineté nationale de l’Italie ou la dépendance sécuritaire et économique du pays vis-à-vis des États-Unis (qui existe déjà), mais plutôt Musk lui-même. L’inverse pourrait être dit à propos de Meloni, bien sûr. Il y a de bonnes raisons de croire que, de son point de vue, l’accord concerne davantage l’allégeance politique que la nécessité stratégique — c’est-à-dire le renforcement de sa relation avec Donald Trump et son administration entrante. En fin de compte, l’ensemble de la classe politique italienne semble résignée à son rôle de satellite des puissances étrangères, avec la seule véritable dispute entre le gouvernement et l’opposition étant de savoir s’il faut se soumettre à Bruxelles ou à Washington.
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