L’établissement
médical adopte une norme éthique émergente qui aurait été quasiment
inconcevable il y a seulement quelques générations. Désormais, les médecins et
les infirmières ont l’obligation morale de refuser de fournir des soins
médicaux, dans des situations non urgentes, aux patients affichant des
comportements racistes, sexistes, transphobes ou hostiles à d’autres groupes
d’identité intersectionnelle.
Le Royal
College of Nursing est le dernier à défendre cette éthique médicale.
L’institution a récemment inclus le « comportement discriminatoire, y compris
le racisme » parmi les motifs justifiant le refus ou le retrait de soins. Bien
que le terme « racisme » ne soit pas précisément défini — comme c’est souvent
le cas dans ces protocoles — cette décision fait suite aux émeutes raciales qui
ont secoué le Royaume-Uni après le meurtre de trois enfants le 29 juillet,
commis à l’issue d’une attaque au couteau.
Les émeutes
ont conduit Wes Streeting, le secrétaire à la Santé britannique, à affirmer que
les patients racistes « peuvent et doivent » se voir refuser des soins
médicaux, réaffirmant
ainsi une politique du National Health Service adoptée en 2020.
Aux
États-Unis, une pratique similaire est déjà en place. De plus en plus d’hôpitaux
et d’organisations
de santé rejettent les patients qui refusent
d’être soignés
par des médecins en
raison de leur
race, sexe ou orientation sexuelle. Pour les cas non urgents, les patients
doivent accepter le médecin ou l’infirmière qui leur est assigné, ou chercher
un autre prestataire. « De nombreux systèmes de santé à travers le pays ont des
codes de conduite semblables », indique Mass
General Brigham, un réseau de santé majeur dans le Massachusetts. Au Milford
Regional Medical Center, dans le même État, le refus du patient n’a même
pas besoin d’être exprimé explicitement : « Le langage corporel et le ton de la
voix font partie du code. »
Moins
médiatisé mais tout aussi significatif, un développement parallèle dans
l’éthique médicale permet aux patients afro-américains ou d’autres patients de
couleur de demander à être pris en charge par un prestataire de la même race. Cette
politique est fondée sur la logique que la ‘concordance patient-prestataire’
est éthique dans certaines circonstances — comme le cas des patientes préférant
des gynécologues féminines. Cette politique s’appuie sur la notion que les
patients noirs, historiquement justifiés dans leur méfiance envers la
profession médicale qui est prétendument corrompue par le racisme systémique et
le biais implicite ont des raisons légitimes de préférer un médecin perçu comme
« culturellement compétent » et, par conséquent, réactif et respectueux.
L’établissement
médical américain soutient désormais fortement l’association des patients noirs
avec des médecins noirs, au point que les avantages de cette pratique ont été
évoqués l’année dernière par la juge de la Cour suprême des États-Unis Ketanji
Brown Jackson. Dans son
dissentiment concernant l’affaire sur l’action affirmative impliquant
l’Université de Harvard, la juge Jackson a souligné que la diversité dans les
soins de santé « sauve des vies ». En soutien à cette position, l’Association
médicale américaine, ainsi que 44 autres parties, ont affirmé de manière
frappante dans
leur mémoire d’amicus que pour les nouveau-nés noirs à haut risque, « avoir
un médecin noir équivaut à un médicament miracle »
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