‘Tous ces grands déviants vont en baver en 2024. C’est fini pour eux. Peu importe que vous soyez Diddy, ou qui que ce soit…tous les mensonges seront exposés [sic],’ a déclaré avec confiance le comédien Katt Williams dans un podcast avec l’ancien joueur de football américain Shannon Sharpe en janvier, discutant des rappeurs célèbres accusés de crimes sexuels.
Depuis le début de l’année, Williams a été blanchi. Suite à la révélation du scandale d’abus sexuel de Diddy, d’autres artistes comme Kanye West et The-Dream ont également été accusés de viol et de crimes sexuels ces derniers jours. Cette tendance rappelle évidemment que ce sont les accusations de 2017 contre Harvey Weinstein qui ont déclenché le phénomène #MeToo.
Le fait que le bilan #MeToo ait pris tant de temps est une question qui a été mûrement réfléchie dans les années qui ont suivi l’exposition de Weinstein en tant que délinquant sexuel prolifique. Après tout, il y a eu de nombreuses allégations documentées et des cas d’acteurs influents du secteur du rap se livrant à des formes de comportements sexuels abusifs, tels que T.I et Russell Simmons.
Une raison, peut-être inconfortable, derrière la réticence à examiner de près le monde du hip-hop est qu’il est dominé par les Afro-Américains. De nombreuses personnalités publiques afro-américaines ont adopté l’attitude selon laquelle critiquer leur comportement, surtout une fois qu’ils ont atteint un statut et une reconnaissance au sein d’une société qui les a traditionellement exclus de ces choses-là, revient à attaquer leur virilité noire de façon plus générale. Pour eux, ce n’est guère plus qu’une chasse aux sorcières. C’est le point de vue qu’adopte l’acteur Eddie Griffin, qui a déclaré que les ‘stars masculines noires ne quittent pas ce secteur avec les mains propres’, et le chanteur Akon, qui a défendu Nelly contre des accusations de viol en disant: ‘la moitié du temps, [les femmes] portent plainte juste pour qu’on règle ça à l’amiable.’
Une autre raison de la réaction mitigée de la communauté du rap pourrait tenir au fait que la plupart des victimes dans ces cas-là sont des femmes noires qui ont longtemps été considérées comme au bas de l’échelle, à tel point que leur exploitation sexuelle est ignorée par rapport aux autres victimes féminines. De plus, ces femmes sont plus susceptibles de garder le silence sur leur propre enfer, non seulement parce qu’elles se sentent impuissantees mais aussi à cause d’une pression communautaire qui – selon les mots de Drew Dixon, qui a accusé Russell Simmons de viol – elle ‘ne voulait pas décevoir la culture‘ et potentiellement contribuer à un discours qui dénigre les hommes noirs en tant que groupe.
Sheri Sher, qui a aussi accusé Simmons, a expliqué: ‘En tant que jeune femme noire, en grandissant, vous apprenez à prendre soin de votre quartier et à le défendre, en particulier les hommes noirs, les hommes de couleur qui s’y trouvent, alors comment osez-vous prendre la parole et essayer de le [Simmons] rabaisser alors qu’il est déjà rabaissé par la société et la police? Comment osez-vous? Donc vous aviez un silence et un code auquel vous deviez vous conformer.’
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