Un conflit
de longue date entre X, le réseau social d’Elon Musk, et les autorités
judiciaires brésiliennes a conduit la plateforme à fermer son bureau au Brésil,
a annoncé la
société dimanche. Cette décision marque la dernière étape d’une série de
tensions, impliquant des enquêtes judiciaires spéciales et des menaces
d’arrestation d’un côté, et des accusations de censure et de brutalité
dictatoriale de l’autre.
Au cours du week-end, le puissant juge de la Cour suprême brésilienne, Alexandre de Moraes, a ordonné à X de fermer au moins 19 comptes, selon l’équipe des affaires gouvernementales de la plateforme, y compris celui d’un sénateur en exercice. Moraes a également menacé d’arrêter l’administrateur de l’entreprise s’il ne se conformait pas. ‘Ses actions sont incompatibles avec un gouvernement démocratique. Le peuple brésilien a un choix à faire — la démocratie, ou Alexandre de Moraes,’ a posté l’équipe.
Les actions
de Moraes doivent être comprises dans le contexte d’un contrôle judiciaire
croissant des réseaux sociaux. Depuis 2019, une enquête
fédérale sur les ‘fake news’ a commencé à examiner des comptes de réseaux
sociaux accusés de diffuser de fausses informations et de proférer des menaces
contre les institutions démocratiques et les membres du pouvoir judiciaire. Ce
conflit a polarisé l’extrême droite et le centre-gauche. La manière dont cette
situation évolue a des répercussions majeures sur la liberté d’expression en
ligne et sur le rôle des institutions judiciaires dans la défense de la
démocratie — au Brésil et au-delà.
En avril de cette année, Alexandre de Moraes a inclus Elon Musk dans une liste de cibles dans le cadre de l’enquête sur les fake news, qui examine des réseaux connus sous le nom de ‘milices numériques’. Le juge a accusé le milliardaire de mener une ‘campagne de désinformation’ après que Musk ait refusé de coopérer avec ses ordres de partager des informations sur les titulaires de comptes ou de bloquer des comptes. X serait condamné à une amende de 100 000 R$ (16 000 €) pour chaque compte suspect que le réseau débloquerait.
Les juges
au Brésil peuvent ordonner aux sites de retirer du contenu, et le contenu de
ces décisions n’est pas toujours rendu public. Cependant, des fichiers
divulgués par le journaliste Michael Shellenberger en avril — connus sous le
nom de ‘Twitter Files Brazil’, faisant suite aux révélations similaires
de Matt Taibbi aux États-Unis — prétendent démontrer que certaines demandes
judiciaires de données utilisateur auraient enfreint le Cadre
des droits civils sur Internet du Brésil ainsi que la Constitution.
Dans
une
affaire similaire en mars 2022, Alexandre de Moraes avait ordonné la fermeture
de l’application de messagerie Telegram pour avoir ignoré les demandes des
autorités brésiliennes de bloquer des profils. Telegram avait ensuite obéi dans
les 48 heures. Reste à voir comment l’affaire X se développera, bien que Moraes
ait besoin de la coopération des autorités américaines pour poursuivre Musk ou
son entreprise au-delà des frontières brésiliennes. Cela serait ironique, étant
donné que Moraes a qualifié le comportement de l’homme d’affaires d’attaque
contre la souveraineté nationale du brésil, une accusation
reprise par des députés de gauche au Congrès.
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