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La Grande-Bretagne devrait rester en dehors d’une guerre entre Israël et le Liban

Hezbollah fighters pictured in Southern Lebanon last week. Credit: Getty

juin 24, 2024 - 4:00pm

Une attaque israélienne contre le Liban est-elle désormais inévitable ? Alors qu’on pourrait soutenir que la rhétorique en forte escalade du gouvernement israélien et du Hezbollah est une tentative de dissuasion mutuelle, les présages ne sont pas rassurants. La semaine dernière, selon une déclaration de l’IDF, ‘des plans opérationnels pour une offensive au Liban ont été approuvés’ par la direction militaire d’Israël, avec des actions prises pour ‘accélérer la préparation des forces sur le terrain’. Dans un post sur X, le ministre des Affaires étrangères d’Israël, Israel Katz, a déclaré que ‘Israël ne peut pas permettre à l’organisation terroriste Hezbollah de continuer à attaquer son territoire et ses citoyens, et bientôt, nous prendrons les décisions nécessaires. Le monde libre doit soutenir Israël sans condition dans sa guerre contre l’axe du mal dirigé par l’Iran et l’islam extrémiste.’

Pourtant, pour l’administration Biden, une expansion beaucoup plus destructrice de la guerre de Gaza est un problème qu’elle ne peut guère se permettre. Israël dépend des transferts d’armes et du soutien diplomatique des États-Unis pour poursuivre son opération à Gaza. La guerre a déjà entraîné l’implication d’actifs militaires américains dans une tentative navale infructueuse en mer Rouge et a vu des membres du service américain tués au Moyen-Orient par des milices chiites irakiennes. Malgré ces faits, un Benjamin Netanyahu de plus en plus erratique a jugé bon d’accuser publiquement Biden de soutien insuffisant, provoquant des déclarations douloureuses de la part de responsables américains. Tout en exhortant publiquement et en privé Israël d’abandonner toute idée d’une opération au Liban et d’accepter un cessez-le-feu à Gaza, les responsables américains ont apparemment assuré à leurs homologues israéliens que, en cas de guerre avec le Hezbollah, l’Amérique offrira son soutien militaire à Israël, sans déployer de troupes sur le terrain.

Ce que cela signifie réellement est difficile à cerner. On peut présumer que, compte tenu des avertissements américains selon lesquels le système de défense Iron Dome d’Israël serait dépassé par l’arsenal de missiles du Hezbollah, les États-Unis ont l’intention d’abattre les salves entrantes comme ils l’ont fait, avec le soutien français et britannique, lors de la frappe sans précédent de l’Iran contre des cibles israéliennes en avril.

L’annonce récente du redéploiement du groupe aéronaval USS Theodore Roosevelt vers la zone d’opérations du Centcom au Moyen-Orient ‘pour dissuader l’agression, garantir la stabilité régionale et protéger la liberté de navigation dans la région’ met en lumière la position des États-Unis en prévision d’une opération israélienne, ainsi que leur volonté de dissuader le Hezbollah d’élargir la zone de guerre. Mais la menace du leader du Hezbollah, Syed Hassan Nasrallah, selon laquelle son groupe répondrait à une attaque israélienne en menant une guerre ‘sans règles et sans limites’, et ciblerait les bases aériennes chypriotes si elles étaient utilisées en soutien aux opérations israéliennes, indique l’ampleur de la crise imminente. La Grande-Bretagne devrait également tenir compte de cet avertissement.

La Grande-Bretagne a utilisé les bases souveraines à Chypre comme une rampe de lancement pour les frappes aériennes de la RAF contre les Houthis et pour abattre les missiles iraniens entrants. Mais permettre leur utilisation pour soutenir les opérations israéliennes au Liban, même à des fins défensives, mettrait en danger les actifs britanniques et permettrait une escalade militaire que ni les États-Unis ni l’UE ne désirent — et sans aucun bénéfice tangible pour la Grande-Bretagne. Après près de neuf mois d’une guerre destructrice à Gaza, Israël semble prêt à mettre fin à sa campagne contre le Hamas, bien que le groupe reste au pouvoir et que les otages restants sont toujours en captivité, ne réalisant ainsi aucun des objectifs de guerre initiaux de Netanyahu.

Pourtant, la guerre imminente contre le Hezbollah représente un défi bien plus grand pour Israël et les États-Unis, poursuivant des objectifs probablement inatteignables et présentant des risques bien plus importants d’une guerre régionale plus étendue. Une guerre au Liban serait désastreuse pour le pays qui souffre déjà d’un effondrement économique et d’un dysfonctionnement politique. Elle déclencherait également une crise des réfugiés dont les effets déstabiliseraient davantage la politique européenne.

Alors que le gouvernement conservateur britannique moribond a choisi de mener cette élection sur des questions de sécurité nationale, dans ses derniers jours au pouvoir, il n’y a aucun mandat qui implique la Grande-Bretagne dans un autre marécage mal planifié au Moyen-Orient. Le gouvernement travailliste entrant, déjà en difficulté électorale en raison du soutien initial de Starmer à la campagne de Gaza d’Israël, aurait tout autant à perdre et rien à gagner de cette implication. Si la Grande-Bretagne a un rôle à jouer, il serait préférable de soutenir les efforts français pour déployer l’armée libanaise le long de la frontière avec Israël à la place du Hezbollah, une tentative de désamorcer la crise qui pourrait avoir des chances limitées de succès mais qui est au moins constructive. Coincés dans leur propre drôle d’étreinte, Israël et les États-Unis pourraient se diriger vers la catastrophe. La Grande-Bretagne serait mieux avisée de rester en dehors de tout cela et d’adopter un simple rôle d’observatrice.


Aris Roussinos is an UnHerd columnist and a former war reporter.

arisroussinos

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