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La cérémonie des Jeux olympiques confirme le statut de musée culturel de la France

PARIS, FRANCE - JULY 26: A general view of Eiffel Tower and the Place Du Trocadero during the opening ceremony of the Olympic Games Paris 2024 on July 26, 2024 in Paris, France. (Photo by Jamie Squire/Getty Images)

juillet 27, 2024 - 10:15am

Lady Gaga, une New-Yorkaise sans une goutte de sang français, a ajouté un côté glamour à l’ouverture officielle des Jeux olympiques de Paris. On avait longtemps entendu dire que la chanteuse serait en tête d’affiche de la cérémonie ambitieuse de vendredi sur la Seine, et elle y était en effet, la tête dépassant d’un amas de plumes roses lors d’une soirée par ailleurs gâchée par une pluie persistante.

La performance en français de Gaga de Mon truc en plumes était assez divertissante, notamment parce que des lignes telles que « Tout dans l’coup de reins » étaient si mal prononcées. À noter également est sa tentative joyeusement loupée d’imiter Zizi Jeanmaire, la vraie Parisienne qui a rendu Mon truc célèbre au début des années 60 lorsque la ville regorgeait encore de jeunes talents innovants.

En ce sens, la position de Gaga en tant que moment fort importé des Jeux de Paris 24 illustre parfaitement un dilemme de la France moderne : ses clichés culturels sont tous encore intacts et utilisables, mais ils dépendent des étrangers pour les vendre. Céline Dion est la reine canadienne des ballades puissantes et c’est elle — plutôt qu’une locale — qui a été choisie pour chanter Hymne à l’amour, l’ode émouvante d’Édith Piaf à un amant perdu.

Cela fait partie du syndrome Emily in Paris : l’héroïne éponyme de la série télévisée à succès ne parle pas un mot de français, et son béret est de la mauvaise couleur — rouge au lieu de noir — pourtant, elle a sans doute fait davantage pour mettre la ville de l’amour et de la lumière sur la carte ces dernières années que toute autre personne française vivante.

Le président Emmanuel Macron, toujours le centriste perturbateur, accepte la domination de ces intrus, et c’est pourquoi tant de ses concitoyens le détestent. Ils considèrent l’ancien banquier d’affaires comme un allié des soi-disant ‘Anglo-Saxons’ — les redoutés mondialistes dont l’économie libérale et les modes de vie transnationaux détruisent lentement la ‘Frenchitude’ traditionnelle. Macron est notoirement versatile — on l’accuse souvent de soutenir le camp auquel il parle à ce moment-là — et une telle approche a prévalu lors de la cérémonie olympique de Thomas Jolly.

Ainsi, il y avait beaucoup d’accordéons et de danseuses de can-can, mais ce sont les noms connus qui ont attiré un public télévisuel d’un milliard de personnes en grande partie non françaises. Le kitsch du concours de l’Eurovision — et de multiples références ‘woke’ à la diversité et à la sororité — étaient également en tête d’affiche.

Ce sont des temps troublés pour la France. Une large attaque incendiaire sur le réseau ferroviaire du pays a précédé l’ouverture des Jeux olympiques, et il y a des craintes persistantes concernant la sécurité du reste de la manifestation sportive. Macron n’est pas bien placé pour faire face à de tels problèmes, car il n’a pu réunir qu’un gouvernement provisoire depuis que sa propre coalition est arrivée troisième aux élections législatives tenues plus tôt ce mois-ci.

Pendant ce temps, des partis plus tournés vers l’intérieur comme le Rassemblement National de Marine Le Pen gagnent en puissance, en se référant à une France perdue pleine de fermes et de robustes campagnards. De tels nostalgiques auraient certainement aimé voir une diva aux yeux bleus de Bretagne ou de Champagne éblouir sur la scène mondiale, plutôt que des personnes d’Amérique du Nord.

La cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Londres 2012 a été dominée par des icônes anglaises, dont l’ancien Beatle Paul McCartney et Elizabeth II elle-même. La France républicaine ne pouvait espérer rivaliser avec une telle renommée, évoquant plutôt des souvenirs de Marie-Antoinette, la reine consort décapitée, et de la défunte Piaf.

Tout cela a renforcé le sentiment que Paris est désormais un peu un musée. De plus, cela a confirmé que la France elle-même est rapidement envahie par des forces culturelles plus dynamiques venues de l’autre côté de l’Atlantique.


Peter Allen is a journalist and author based in Paris.

peterallenparis

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