Les perceptions européennes concernant la nécessité de la paix en Ukraine évoluent. Dans une interview télévisée dimanche, le chancelier allemand Olaf Scholz a appelé à un effort intensifié pour mettre fin à la guerre par des négociations, déclarant : ‘Je crois que c’est le moment où nous devons discuter de la manière dont nous sortons plus rapidement de cette situation de guerre.’
De manière significative, Scholz a souligné sa conviction que la Russie doit être présente lors des futures discussions de paix. Après avoir rencontré Volodymyr Zelensky vendredi dernier en Allemagne, Scholz a affirmé qu’il ‘y aura certainement une autre conférence de paix’, le président ukrainien étant supposément d’accord sur le fait que ‘cela doit être une conférence avec la Russie présente.’
Qu’un donateur clé d’aide militaire à l’Ukraine appelle à l’implication de la Russie dans les discussions de paix marque un changement majeur par rapport au Sommet pour la paix en Ukraine qui s’est tenu en Suisse plus tôt cet été, auquel la Russie n’était pas invitée. C’est une évolution notable — certains pourraient dire nécessaire — du mantra de l’Occident jusqu’à présent : ‘Rien sur l’Ukraine sans l’Ukraine.’
Cependant, les motivations derrière cette évolution sont complexes — et des dirigeants comme Scholz peuvent être de plus en plus influencés par des facteurs autres que les meilleurs intérêts de l’Ukraine. Deux jours avant l’interview du chancelier allemand, de nouvelles données ont montré une chute pire que prévu de la production industrielle du pays, en baisse de 2,4 % par rapport au mois précédent en juillet. Les analystes suggèrent maintenant que ‘la faiblesse de l’industrie allemande’ signifie que ‘l’économie allemande va globalement stagner pour le reste de cette année.’ Ces problèmes industriels ont un effet d’entraînement dans toute la région, avec des économies dépendantes de l’Allemagne comme la Hongrie et la République tchèque affichant également des résultats industriels décevants.
Les économistes soutiennent que les prix élevés de l’énergie ne peuvent plus être blâmés pour la faiblesse industrielle persistante de la région, et que la concurrence croissante de la Chine est ‘une grande partie du puzzle’. La décision de Pékin de s’emparer de la révolution énergétique verte de l’UE s’avère particulièrement nuisible pour le secteur automobile d’Europe centrale, la Chine se positionnant comme un leader dans la production de véhicules électriques bon marché et de composants EV. Le déficit commercial de l’UE de 8,8 milliards d’euros avec la Chine uniquement sur les véhicules électriques met les emplois en danger, avec de grands fabricants comme Volkswagen maintenant fermant la production de véhicules électriques dans les usines européennes.
Un rapport tant attendu sur la compétitivité de l’UE, élaboré par l’ancien Premier ministre italien et président de la Banque centrale européenne Mario Draghi, publié aujourd’hui, appelle à une ‘nouvelle stratégie industrielle pour l’Europe’ afin de relever le ‘défi existentiel’ posé par cette crise de la concurrence. Pourtant, avec des experts prédisant des milliers de pertes d’emplois supplémentaires dans l’industrie allemande seule, des dirigeants en difficulté comme Scholz n’ont pas le temps d’attendre que la planification stratégique à long terme porte ses fruits.
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