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La baisse de l’inflation, pas seulement une bonne nouvelle pour l’euro

BRUXELLES, BELGIQUE - 09 SEPTEMBRE : La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et l'ancien Premier ministre italien, Mario Draghi (non vu) tiennent une conférence de presse à Bruxelles, Belgique, le 09 septembre 2024. (Photo par Dursun Aydemir/Anadolu via Getty Images)

novembre 20, 2024 - 1:00pm

La Banque centrale européenne (BCE) a publié des chiffres sur l’inflation pour la zone euro, montrant que l’inflation est revenue à l’objectif de 2% fixé par la banque centrale. Toutefois, ce chiffre global masque une divergence considérable entre les pays européens. Ces différences pourraient poser un problème majeur, car elles fragilisent la base même d’une politique monétaire unique.

La Slovénie, l’Irlande et la Lituanie ont enregistré des taux d’inflation annuels de 0 à 0,1%, ce qui suggère que ces pays risquent de sombrer dans la déflation, avec pour conséquence une possible récession. En revanche, la Roumanie, la Belgique et l’Estonie ont affiché des taux d’inflation de 4,5 à 5%, bien au-dessus de l’objectif de 2%.

Un des défis majeurs de la zone euro a toujours été d’harmoniser les taux d’inflation. Lorsque ces taux divergent de manière significative entre les pays, une politique monétaire unique perd toute pertinence. La récente poussée inflationniste semble avoir causé des dommages structurels profonds au projet d’harmonisation. Pourtant, le discours économique européen est devenu si érodé et dégradé que des problèmes, autrefois âprement débattus, sont désormais à peine évoqués.

Les décideurs et économistes européens semblent entièrement focalisés sur diverses crises externes — Covid-19, la guerre en Ukraine, et maintenant une potentielle seconde présidence de Donald Trump — ce qui les rend apparemment incapables de mener les discussions nécessaires pour maintenir le dynamisme au sein de l’Europe. Dans un discours prononcé en juillet, l’ancien président de la BCE, Mario Draghi, a admis que la monnaie unique est avant tout un projet politique, dont les fondements économiques restent discutables.

« La question clé n’était pas de savoir si la zone euro était une zone monétaire optimale dès le départ — il est évident que ce n’était pas le cas — mais si les pays européens étaient prêts à la faire évoluer vers une zone optimale au fil du temps », a déclaré Draghi. « Je peux attester que la motivation politique était réelle. » Une telle déclaration aurait été impensable il y a seulement quelques années, car elle aurait renforcé les arguments des anti-fédéralistes européens contre ceux qui prônent la centralisation du projet européen. De telles préoccupations ne sont plus soulevées aujourd’hui.

En ce qui concerne les tarifs imposés par Trump, le consensus semble indiquer qu’ils nuiront à la croissance plutôt que de provoquer une hausse de l’inflation.  Du moins, c’est ce qu’ont déclaré  le vice-président de la BCE, Luis de Guindos, et le président de la Bundesbank, Joachim Nagel, aux journalistes. Cette évaluation est probablement juste, mais uniquement si les tarifs sont imposés à l’Europe par les États-Unis. En revanche, si l’Amérique exerce également des pressions sur l’Europe pour qu’elle impose des tarifs à la Chine, le résultat pourrait bien être inflationniste.

L’Europe accepterait-elle des tarifs anti-Chine autodestructeurs ? Personne ne le sait. L’élite européenne semble s’être convaincue qu’une victoire de Harris était inévitable, au point de ne pas avoir anticipé une éventuelle victoire de Trump. Ce n’est qu’à la fin octobre que les hauts fonctionnaires de l’UE se sont réunis pour créer le « groupe de travail Trump », après avoir pris conscience qu’il existait une réelle possibilité qu’il gagne. Pour cette raison, il est difficile de prévoir la stratégie économique européenne pour les quatre prochaines années. Le résultat dépendra probablement de la faction qui sortira vainqueur en Europe. Idéalement, l’Europe tracerait sa propre voie et réinitialiserait ses relations géopolitiques et économiques afin de mieux s’aligner sur ses propres intérêts. Cependant, de nombreuses voix s’y opposent, et il est vrai que ses intérêts sont compliqués par son rôle d’intermédiaire entre les États-Unis et la Chine.

La seconde administration Trump pourrait secouer les Européens de leur complaisance. Mais tout aussi probablement, elle pourrait les pousser à se replier davantage sur eux-mêmes, à s’enfermer dans des fantasmes internes et dans un dogme externe.


Philip Pilkington is a macroeconomist and investment professional, and the author of The Reformation in Economics

philippilk

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