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Jordan Bardella, prochain Premier ministre ? La réponse lors d’un débat télévisé crucial

Jordan Bardella during last night's TF1 debate. Credit: Getty

juin 26, 2024 - 11:55am

Pour un populiste espérant révolutionner la France avec un nouvel agenda radical, Jordan Bardella a davantage donné l’impression d’un vendeur de services publics que d’un futur Premier ministre. En montrant une facture d’électricité lors du débat télévisé d’hier soir, le président du Rassemblement National (RN) a déclaré que son ambition la plus pressante était de faire en sorte que ses concitoyens se sentent à l’aise avec leurs fournisseurs de services.

« Aujourd’hui, ouvrir ses factures ou son courrier est une source d’anxiété pour des millions de Français qui, dans notre pays, ne parviennent plus à vivre de leur travail, a déclaré Bardella. Si les Français décident de me faire confiance, je serai le Premier ministre du pouvoir d’achat. »

Bien qu’il n’ait que 28 ans et aucune expérience gouvernementale, Bardella semblait déterminé à revendiquer le statut de politicien sérieux et à s’éloigner de la caricature d’un agitateur d’extrême droite obsédé par l’immigration et l’identité. En plus du Premier ministre actuel et allié d’Emmanuel Macron, Gabriel Attal, il a affronté hier soir Manuel Bompard du Nouveau Front Populaire, une alliance de partis de gauche qui espère exclure le RN du pouvoir.

Les trois ont utilisé leur apparition sur TF1 pour tenter de convaincre les électeurs de les soutenir lors des élections parlementaires anticipées à deux tours appelées par Macron, qui doivent commencer dimanche.

Attal a ciblé l’inexpérience de Bardella en attaquant les idées de ‘puits financiers’ qui incluent la réduction de la TVA sur les produits énergétiques de 20 % à 5,5 %, ce qui entraînerait une perte d’environ 17 milliards d’euros pour les caisses de l’État. Il y a également eu de vives critiques à l’encontre de la coalition de gauche dépensière pour avoir fait des propositions de réforme coûteuses, sans indiquer comment l’argent serait collecté.

Sans surprise, Bardella était plus confiant en ce qui concerne l’immigration. Un enjeu sulfureux de cette élection est le droit du sol — le droit à la citoyenneté française pour toute personne née en France, quelle que soit la nationalité de ses parents. Bardella veut l’abolir, affirmant que cela ‘n’a plus de sens dans un monde de huit milliards de personnes’. Il a décrit ‘des continents, et en particulier l’Afrique, qui deviendront des bombes démographiques et où nous savons qu’une grande partie de ceux aspirant à l’immigration seront tentés de venir sur le sol européen’. Il a insisté sur le fait que ‘l’immigration est un sujet majeur qui perturbe notre identité, notre sécurité et l’équilibre des comptes publics’.

Un gouvernement Bardella signifierait ‘une réduction drastique des flux migratoires’ et l’adoption d’une ‘loi d’urgence pour abolir’ le droit du sol. « Cela se fera calmement, par la loi », a déclaré le président du RN, même si le Conseil Constitutionnel — la plus haute juridiction de France — s’est déjà prononcé contre de telles mesures, aussi récemment qu’en janvier.

Bardella s’est ensuite concentré sur les binationaux, qu’il veut interdire de tous les postes publics sensibles à la sécurité. « Vous voulez mettre un franco-russe à la tête d’une centrale nucléaire? » a-t-il demandé.

Attal a immédiatement répliqué : « Pouvez-vous dire aux Français qui nous regardent qui est Tamara Volokhova, oui ou non? » Volokhova est conseillère du RN au groupe Identité et Démocratie au Parlement européen, dont le parti est membre. Comme l’a souligné Attal hier soir, elle est elle-même franco-russe et représente le RN à la Commission des Affaires étrangères sur les questions de sécurité et de défense — et assiste ainsi à des réunions à huis clos qui traitent d’informations confidentielles sur la guerre en Ukraine.

Bardella n’a pas su répondre, ce qui a amené Attal à affirmer qu’il y a ‘3,5 millions de Français stigmatisés par votre proposition.’ Cela aurait pu être une mise au point embarrassante, mais il est peu probable que cela influence les intentions de vote. Le RN est en tête dans les sondages d’opinion avec environ 35 %, le Nouveau Front Populaire un peu en dessous de 30 %, et la coalition de Macron dirigée par son parti Renaissance autour de 20 %.

Le choix prédominant lors des élections parlementaires est de soit faire confiance au parti de Bardella, soit de le bloquer. C’est pourquoi Macron a mis en garde contre une ‘guerre civile’ si une majorité écrasante opte vraiment pour les extrêmes, y compris en soutenant le Nouveau Front Populaire. Des questions telles que les factures d’énergie sont bien sûr cruciales pour toute élection, mais dans ce cas, les enjeux sont bien plus importants.

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