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Israël a-t-il abandonné l’idée de ramener les otages ?

JÉRUSALEM - 6 NOVEMBRE : Des Israéliens organisent une manifestation, demandant la fin de la guerre et le retour des otages israéliens chez eux, à Jérusalem-Ouest le 6 novembre 2024. Les manifestants portant des drapeaux israéliens et des photos de captifs ont scandé des slogans contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son gouvernement. (Photo par Mostafa Alkharouf/Anadolu via Getty Images)

novembre 11, 2024 - 11:50am

La nouvelle que le Qatar a suspendu son rôle de médiateur entre Israël et le Hamas est un coup dévastateur pour les familles des plus de 100 otages israéliens toujours présumés retenus à Gaza. Étant donné qu’Israël et les États-Unis ne communiquent pas directement avec le Hamas, ils n’ont désormais aucun moyen de négocier avec le groupe terroriste.

En Israël, beaucoup ont réagi à cette nouvelle avec désespoir, arguant que le retour des otages n’est plus une priorité pour le gouvernement depuis un certain temps. Aux yeux du public, cette évolution donne maintenant au Premier ministre Benjamin Netanyahu une excuse pour continuer la guerre sans le prétexte de négocier un cessez-le-feu et un accord de retour des otages.

Comme l’a commenté hier le journaliste de gauche Zvi Barel hier, le retrait du Qatar est très pratique pour Netanyahu, car cela lui donne une « exemption » de devoir continuer les négociations, sans nuire à sa position politique.

Einav Zangauker, dont le fils Matan a été enlevé le 7 octobre et qui est depuis devenu l’un des plus éminents défenseurs d’un accord de cessez-le-feu, a répondu à la nouvelle par des appels renouvelés à une fin immédiate de la guerre. « Il n’y a plus rien à faire à Gaza, l’ensemble de l’appareil de sécurité le dit. Mais Netanyahu refuse pour des raisons politiques criminelles », a-t-elle déclaré en ligne. « Comment se fait-il que depuis l’assassinat de Sinwar, aucune proposition israélienne n’ait été faite ? Comment, au lieu de profiter de l’élan, avons-nous fait retirer les Qataris de la médiation ? »

Cependant, les risques politiques pour le gouvernement face à l’échec continu de ramener les otages diminuent. Parmi de nombreux Israéliens, il y a une acceptation sournoise qu’ils ne seront pas ramenés. Il y a encore des manifestations de rue régulières, mais leur énergie et leur élan sont en déclin.

C’est surprenant compte tenu de l’échange de 1000 prisonniers qui a permis le retour du soldat kidnappé Gilad Shalit en 2011, et des sentiments des jours immédiatement après le 7 octobre. Peu auraient alors dit qu’Israël accepterait effectivement la perte de 100 civils aux mains des cachots et des caves de Gaza.

Mais nous sommes dans un monde très différent de celui d’il y a un an. Au début de la guerre, les partisans du Likoud au pouvoir et d’autres partis de droite ont commencé à se retourner contre les familles des otages, voyant leurs manifestations comme un sabotage de l’effort de guerre. Ce sentiment s’est maintenant répandu à une plus grande partie de la population, surtout depuis l’ouverture du nouveau front contre le Hezbollah et les échanges de tirs avec l’Iran, ce qui a conduit de nombreux Israéliens plus modérés à abandonner l’idée de ramener les otages.

Neta Heiman, dont la mère Ditza a été libérée lors du cessez-le-feu de courte durée de novembre dernier, admet qu’elle est « fatiguée de crier dans les rues », mais n’a pas encore abandonné l’espoir de voir le retour des derniers otages. Actuellement, Heiman et d’autres familles d’otages travaillent sur une affaire juridique pour transférer la responsabilité de la conduite d’un accord de cessez-le-feu au gouvernement dans son ensemble, plutôt que dans « toutes sortes de forums inventés, comme le cabinet de guerre, qui laissent en pratique la question entre les mains du Premier ministre et de ceux qui lui sont proches ». À leur avis, cette approche donne à Netanyahu la possibilité de saboter secrètement les tentatives d’accord de cessez-le-feu et de retour des otages.

Pour leur part, les représentants qataris ont déclaré qu’ils sont prêts à reprendre leur rôle de médiateurs, s’ils estiment que les deux parties négocient de bonne foi. Mais étant donné la pression politique décroissante sur Netanyahu pour obtenir un accord, il est peu probable qu’il y ait un retour à la négociation de sitôt.


David Swift is a historian and author. His next book, Scouse Republic, will be published in 2025.

davidswift87

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