Cela aurait dû être leur soirée. Le Rassemblement National de Marine Le Pen, autrefois aux franges extrêmes de la politique française et qui n’avait que deux députés en 2017, semblait sur le point de devenir le plus grand bloc parlementaire. Des magasins parisiens ont érigé des barricades au cas où il y aurait des manifestations anti-RN fiévreuses. Le décor était planté pour une explosion nationaliste. Mais au lieu de cela, le parti de Le Pen a connu une défaite flagrante avec environ 150 sièges.
L’histoire porte désormais sur la façon dont les politiciens centristes et de gauche les ont arrêtés en retirant tactiquement plus de 220 candidats dans les circonscriptions où le RN était qualifié pour des courses à trois. Leurs électeurs se sont mobilisés en masse. Comme l’écrit l’Economist, le ‘centre’ a tenu bon et le RN a largement sous-performé même par rapport aux sondages les plus pessimistes.
En effet, cela prouve que la question la plus importante soulevée par cette campagne, avant tout débat politique substantiel, était la peur du RN. Fondamentalement, la seule question sur le bulletin de vote était de savoir si les Français voulaient que Jordan Bardella soit leur prochain Premier ministre. Et la majorité des électeurs a décidé que non.
Cela laisse le parlement français dans un état fracturé. Avec 33 % des voix, le Parti travailliste britannique a remporté 65 % des sièges. Avec 33 % des voix au premier tour, Le Pen a obtenu 25 % des sièges. Un système conçu pour fournir de solides majorités parlementaires donne naissance à un parlement éclaté en millions de confettis à la hollandaise. Si les Français évitent d’avoir à recourir à un gouvernement technique à l’italienne, au milieu de ce joyeux désordre, une coalition pourrait se former quelque part.
Macron devra nommer un Premier ministre mais ce Premier ministre aura besoin d’une majorité. Si l’on retire les sièges du RN et ceux de La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon — qui ont anéanti toute possibilité de travailler en coalition avec leurs ambiguïtés sur l’antisémitisme — alors le président se retrouve avec environ 360 sièges. Il doit trouver 289 députés pour former une coalition. Sur le papier, le centre-droit et les Macronistes seraient en déficit. Cependant, il semble que le bloc Macroniste pourrait s’ajouter à la gauche non-Mélenchon (les communistes, les socialistes et les écologistes) et obtenir de justesse une majorité.
Ce n’est pas sans ironie. L’opinion publique française est probablement la plus à droite de son histoire de la Cinquième République (lors des élections européennes, la droite, à l’exception de Macron, a remporté 44 % des voix) et pourtant, la France pourrait finir par former l’un des gouvernements les plus à gauche depuis 1981. Il est loin d’être acquis que Macron puisse attirer le centre-gauche. Les socialistes se sont engagés à rester unis — ce qu’ils devraient faire pour renforcer leur pouvoir de négociation — mais c’est la seule voie vers 289 députés qui semble réalisable.
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