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Bombarder le programme nucléaire de l’Iran serait une grave erreur

Des Iraniens assistent au cortège funèbre de sept membres des Gardiens de la Révolution islamique tués lors d'une frappe en Syrie, que l'Iran a imputée à Israël, à Téhéran le 5 avril 2024. Les Gardiens, dont deux généraux, ont été tués lors de la frappe aérienne du 1er avril, qui a rasé l'annexe consulaire de l'ambassade iranienne à Damas. La cérémonie funéraire coïncide avec les commémorations annuelles de la Journée de Qods (Jérusalem), lorsque l'Iran et ses alliés organisent des manifestations en soutien aux Palestiniens. (Photo par ATTA KENARE / AFP) (Photo par ATTA KENARE/AFP via Getty Images)

octobre 5, 2024 - 4:00pm

Israël doit répondre sévèrement à l’énorme attaque de missiles balistiques de l’Iran sur son territoire. Le gouvernement du pays doit rétablir une dissuasion favorable suite à la tentative très délibérée de l’Iran de tuer des civils israéliens et de détruire des infrastructures civiles. Mais comment Israël va-t-il répondre ?

Certains analystes pensent qu’Israël pourrait attaquer l’industrie pétrolière de l’Iran ou son programme nucléaire. Le président Joe Biden déclare qu’il s’oppose aux deux options et souhaite qu’Israël cherche des cibles alternatives. Le raisonnement de Biden concernant l’industrie pétrolière est centré sur la politique intérieure américaine : à un mois des élections américaines, il ne veut pas que son vice-président ait à gérer une forte augmentation des prix du pétrole qui aurait des répercussions sur l’économie américaine. Néanmoins, des frappes contre l’industrie pétrolière de l’Iran auraient un sens stratégique pour Israël. De telles frappes dégraderaient le seul levier économique significatif du régime iranien et dissuaderaient finalement de futures attaques iraniennes.

Biden a raison de s’opposer à une attaque israélienne contre le programme nucléaire de l’Iran, cependant. Il est certain que ce programme nucléaire est un gros problème. Il est conçu pour fournir à l’ayatollah Ali Khamenei deux possibilités très préoccupantes. La première est sa capacité à se précipiter rapidement vers l’utilisation d’une arme nucléaire s’il décide de le faire. L’Iran a accumulé suffisamment de matériel nucléaire de pureté proche de celle des armes pour lui permettre de faciliter une arme nucléaire en deux semaines. La seconde est de menacer de manière crédible l’existence à la fois d’Israël et de l’ennemi islamique de l’Iran, l’Arabie Saoudite.

Le problème est qu’Israël ne peut pas à lui seul détruire le programme nucléaire de l’Iran. De plus, détruire le programme n’est pas aussi simple que de bombarder un tas de centrales nucléaires et de centres de recherche. L’Iran a tiré les leçons des attaques d’Israël contre le réacteur Osirak en Irak en 1981 et le réacteur de Dair Alzour en Syrie en 2007. Téhéran a largement réparti son programme nucléaire à travers le pays. Il a également enterré des portions significatives de celui-ci profondément sous terre. Pour détruire la capacité nucléaire de l’Iran dans son intégralité, Israël devrait mener une campagne aérienne de plusieurs jours ciblant un très grand nombre de sites. Il devrait également détruire simultanément des parties significatives du réseau de défense aérienne et de l’aviation iranienne.

Même dans ce cas, Israël ne pourrait pas garantir le succès. Il devrait également déployer des forces terrestres pour pénétrer physiquement et détruire les installations nucléaires souterraines à Natanz et Fordow. Des sources militaires américaines avec lesquelles j’ai parlé ont exprimé des doutes quant à la capacité même des munitions de dernière génération américaines à pénétrer les bunkers (que Israël ne possède pas) à détruire ces installations avec certitude. Mais faire entrer une force commando profondément en Iran, dans des installations variées, les faire exploser, puis exfiltrer nécessiterait des capacités de transport aérien et de soutien aérien rapproché que Israël n’a pas. Cela nécessiterait également des saisies de bases aériennes par lesquelles exfiltrer les commandos.

Faire sauter des pagers et des bunkers du Hezbollah, c’est une chose ; opérer à une échelle et une profondeur vastes contre une très grande force défensive principalement orientée vers la défense de ce qu’Israël attaquerait, c’est une chose très différente.

Israël le sait. C’est pourquoi les gouvernements israéliens successifs ont exercé une pression significative sur les administrations américaines successives pour qu’elles définissent les conditions dans lesquelles les États-Unis pourraient rejoindre les frappes israéliennes. Mais cela conduit à la considération prolongée ici : que se passerait-il si Israël attaquait le programme nucléaire de l’Iran ?

La réponse à cette question souligne pourquoi les derniers présidents américains ont été si profondément hésitants à envisager des frappes dans ce sens. C’est parce qu’ils savent que cela inviterait à une guerre régionale à grande échelle. Khamenei et ceux du centre de pouvoir idéologique du régime considèrent le programme nucléaire à la fois comme la garantie et le destin de leur Révolution islamique. Ils percevraient une attaque israélienne contre ce destin à travers une lentille politico-théologique conjointe de menace existentielle.

Déjà paranoïaques à cause de la dévastation du Hezbollah par Israël et de la pénétration des renseignements du Corps des Gardiens de la Révolution islamique, ils réagiraient de manière sauvage, se sentant n’avoir plus rien à perdre. Ils tenteraient d’étrangler les flux commerciaux à travers le détroit d’Hormuz, de déclencher des attaques terroristes et des frappes de missiles contre des bases américaines et israéliennes à travers le monde, et se battraient généralement avec acharnement dans l’espoir de pouvoir saigner Israël et les États-Unis suffisamment pour obtenir un cessez-le-feu salvateur. C’est pourquoi les États-Unis ont traditionnellement réservé leur option militaire pour le cas où l’Iran tenterait réellement de construire et de déployer une arme nucléaire.

Cependant, encore une fois, la préoccupation principale est qu’en l’absence du soutien militaire américain, Israël ne peut pas détruire le programme nucléaire de l’Iran. Ainsi, le chaos qui suivrait toute attaque israélienne servirait peu de but au-delà de la mince possibilité qu’il pourrait mener à la guerre — et peut-être à un changement de régime — en Iran.


Tom Rogan is a national security writer at the Washington Examiner

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