De toutes les critiques adressées à J.D. Vance, l’une des plus difficiles à prendre au sérieux est celle concernant son amour pour Le Seigneur des anneaux. Le colistier de Donald Trump a nommé J.R.R. Tolkien comme son auteur préféré, affirmant qu’il a influencé ‘une grande partie de sa vision conservatrice du monde’. Mais ce choix de lecture perturbe l’animatrice de MSNBC Rachel Maddow, qui a déclaré hier que : « Le Seigneur des anneaux est une référence culturelle, surtout pour de nombreuses figures d’extrême droite et d’alt-right en Europe et aux États-Unis. ».
Son principal exemple est Peter Thiel, l’investisseur technologique milliardaire et mentor de Vance. Alors que beaucoup contesteraient l’idée que Thiel est d’extrême droite, il a certainement été inspiré par Tolkien pour nommer ses entreprises : Palantir Technologies, Valar Ventures et Mithril Capital, pour n’en citer que quelques-unes. Lorsque Vance a lancé sa propre société d’investissement, il l’a appelée Narya Capital, encore un autre nom emprunté à la Terre du Milieu.
Maddow pense tenir quelque chose ici car elle épelle le mot pour ses téléspectateurs en disant qu’il « n’est pas difficile de s’en souvenir car c’est ‘Aryan’, mais avec le ‘n’ à l’avant ». Inutile de dire que ni l’entreprise de Vance ni l’invention littéraire de Tolkien n’ont quoi que ce soit à voir avec une idéologie raciale. Lorsqu’un éditeur allemand de l’ère nazie a écrit à l’auteur britannique en 1938 pour lui demander s’il était ‘arisch’, il a rédigé une magnifique réponse, déclarant que : « Je ne considère pas (probablement) l’absence de tout sang juif comme nécessairement honorable ; j’ai de nombreux amis juifs, et je regretterais de donner une quelconque couleur à l’idée que j’adhère à la doctrine raciale totalement pernicieuse et non scientifique. »
Mais les sophismes de Maddow contiennent-ils une part de vérité enfouie ? N’est-il pas vrai que de nombreux conservateurs et personnes de droite sont fous de Tolkien, comme, par exemple, la Première ministre italienne Giorgia Meloni ?
L’argument est peut-être à retenir, mais il faut aussi noter que Tolkien a des adeptes de tous bords politiques. Il y a Tony Blair, par exemple, le pape François et Stephen Colbert, en plus des centaines de millions d’autres qui chérissent ses livres. En Hongrie, son champion le plus éminent n’est pas Viktor Orbán, mais plutôt feu le dissident libéral Árpád Göncz, qui a été le premier président post-communiste de son pays et le traducteur hongrois de la série.
Il faut l’admettre, il existe de nombreuses critiques qui condamnent Tolkien et ses œuvres comme sexistes, racistes et classistes, mais elles ont été gentiment corrigées par l’ancien archevêque libéral de Canterbury Rowan Williams.
Participez à la discussion
Rejoignez des lecteurs partageant les mêmes idées qui soutiennent notre journalisme en devenant un abonné payant
To join the discussion in the comments, become a paid subscriber.
Join like minded readers that support our journalism, read unlimited articles and enjoy other subscriber-only benefits.
Subscribe