La hausse des meurtres dans le métro témoigne du sentiment croissant que la violence à New York n’est pas confinée à des quartiers dangereux et périphériques facilement évitables. Le système de métro, avec ses centaines de stations, offre aux délinquants violents le même accès 24 heures sur 24 à la métropole qu’aux touristes ou aux navetteurs.

Aucune autre ville mondiale ne connaît ce genre de chaos dans ses systèmes de transport en commun. La Chine, qui possède la moitié des 20 plus grands réseaux de métro au monde, ne signale pratiquement aucune violence ni même de criminalité dans ses métros ; les guides de voyage confirment la sécurité générale des transports en commun en Chine. Les grands systèmes de métro de Séoul, Tokyo, Moscou et même Delhi sont considérés comme sûrs pour les passagers. Le métro de Paris et le tube de Londres sont en proie aux pickpockets et aux vols occasionnels, mais la violence réelle est rare, et il en va de même pour Mexico.

Ces villes et d’autres tiennent pour acquis que leurs systèmes de transport en commun sont destinés aux gens pour voyager d’un point à un autre, et ce but primaire est appliqué comme une question de bien commun. Les vagabonds ou les personnes atteintes de troubles mentaux ne sont pas plus autorisés à dormir ou à traîner dans le métro que dans une école. De plus, payer le ticket n’est pas considéré comme un acte volontaire, et l’évasion tarifaire est surveillée et punie par des amendes sur le champ.

New York, en revanche, a permis à ses métros de devenir une sorte d’annexe du système de santé mentale — une salle de jour roulante pour nos milliers de personnes gravement atteintes de troubles mentaux non traités. Des travailleurs de « l’aide aux sans-abri » peuvent parfois être vus s’approcher timidement d’un malheureux vagabond titubant sur un quai de métro pour offrir une assistance vague, mais des décennies d’intervention non coercitive — éclairées par le mouvement anti-psychiatrique des années soixante et l’idée persistante que laisser les schizophrènes à leur souffrance est la réponse charitable — ont réduit ces interactions à du kabuki.

En même temps, la gauche anti-police a lutté sans relâche pour dépénaliser la fraude, insistant sur le fait que faire payer les gens pour monter est une forme de guerre contre les pauvres. La décision du procureur de Manhattan Alvin Bragg et des autres procureurs de ne plus poursuivre la fraude a conduit les policiers à ne plus se soucier de son application. De plus, la légalisation du cannabis a été liée, à New York et dans d’autres juridictions, à une intensification des symptômes hallucinatoires chez les personnes gravement atteintes de troubles mentaux. La réforme de la caution au niveau de l’État a rendu impossible de garder même des délinquants graves en prison, même pour des périodes de « refroidissement ». Et New York a été réticent à utiliser sa loi de « traitement ambulatoire assisté » de première classe pour contraindre au traitement de santé mentale par crainte que cela ne viole les libertés des personnes atteintes de troubles mentaux de vivre comme elles l’entendent.

Le problème du désordre n’est pas arrivé d’un coup. Pour citer Adam Smith, « il y a beaucoup de ruine dans une ville ». Un effort concerté pour ramener New York du bord du gouffre pendant les administrations Giuliani et Bloomberg a créé un cercle vertueux que les progressistes se sont méthodiquement attelés à perturber, en adoptant des lois et des règlements à plusieurs niveaux de gouvernement pour démanteler les mécanismes de la sécurité publique.

Les élus de New York continuent de hocher la tête et d’offrir des platitudes sur le logement social, les services de santé mentale et la compassion comme solutions à la crise en spirale de la violence dans le métro. Mais tant que les habitants de la ville ne demanderont pas une réponse forte à l’augmentation du désordre, ils continueront à obtenir ce qu’ils continuent d’élire.

---

Seth Barron is managing editor of The American Mind and author of The Last Days of New York.

SethBarronNYC

---