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L’UE recourt à la guerre juridique du Brexit malgré le réajustement européen de Starmer

BERLIN, ALLEMAGNE - 28 AOÛT : Le nouveau Premier ministre britannique Keir Starmer se tient devant un drapeau de l'Union européenne alors qu'il s'adresse aux médias après des discussions avec le chancelier allemand Olaf Scholz à la Chancellerie le 28 août 2024 à Berlin, Allemagne. C'est la première visite officielle de Starmer en Allemagne depuis qu'il est devenu Premier ministre. (Photo par Sean Gallup/Getty Images)

décembre 21, 2024 - 1:00pm

De nombreux gouvernements s’efforcent de mettre leurs affaires en ordre avant l’entrée de Donald Trump à la Maison Blanche — et l’Union Européenne n’échappe pas à la règle. Cette semaine, il a été rapporté que la Commission européenne renvoie le Royaume-Uni devant la plus haute cour de l’UE, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), pour avoir prétendument enfreint les termes de l’accord sur le Brexit en 2020. Cela malgré le fait que Bruxelles sait très bien que le Premier ministre travailliste Keir Starmer a été désireux de renforcer les relations bien avant son élection. Après tout, il a torpillé les perspectives électorales de son propre parti en 2019 lorsqu’il a activement fait campagne pour un second référendum sur l’adhésion britannique à l’UE. Pourtant, le dévouement de Starmer à l’Europe et sa volonté de s’abaisser lui-même et son pays n’ont aucune importance à Bruxelles. Il en va de même pour l’annonce de ce mois-ci de la chancelière Rachel Reeves de forger des liens plus étroits avec l’UE.

L’intention derrière le renvoi de la Commission devant la cour est flagrante. Il semble que l’UE cherche à affaiblir la Grande-Bretagne avant les négociations prévues pour réviser l’accord de retrait du Brexit l’année prochaine. Le fait que le bloc traite la Grande-Bretagne comme un adversaire plutôt que comme un allié ne devrait surprendre personne. Le bilan de l’UE dans ses négociations avec ses propres membres qui votent contre l’union fournit amplement la preuve de la cruauté de la bureaucratie bruxelloise. Il suffit de rappeler comment l’Irlande a été contrainte de voter à nouveau sur le traité de Lisbonne en 2009. Cela sans parler de la punition infligée à la Grèce pour avoir eu l’audace de refuser les termes du plan de sauvetage en 2015, ou de la manière dont le bloc a manipulé les craintes de guerre en Irlande pour obtenir des concessions du gouvernement de Theresa May entre 2017 et 2019.

Pourtant, il serait peu judicieux d’être en colère ou déçu par Bruxelles. Après tout, l’UE est composée de bureaucrates qui défendent sans pitié leurs propres intérêts. Cependant, les Britanniques peuvent être légitimement frustrés par leur propre gouvernement, qui prouve son incapacité à défendre les intérêts nationaux lors de négociations avec une organisation qui traite les électeurs avec un tel mépris évident. Si le gouvernement de Starmer avait confiance en son mandat démocratique, les ministres pourraient également repousser la Commission avec assurance, sachant très bien qu’elle ne représente pas les nations d’Europe, dont les intérêts résident dans une coopération amicale avec le Royaume-Uni.

Contrairement à 2015 ou même 2019, il y a aussi une bonne dose de bluff et de fanfaronnade dans la position ferme de l’UE aujourd’hui. Elle est dans une position beaucoup plus faible maintenant qu’il y a une décennie. Si Starmer ne se soucie pas de la démocratie, peut-être pourrait-il simplement servir les intérêts de la Grande-Bretagne en profitant de la faiblesse de l’UE. L’UE est, après tout, en grande difficulté. Elle est pressée par l’est par le front qui s’effondre lentement en Ukraine, et pressée par l’ouest par la perspective d’une administration Trump à venir.

Trump est désireux d’extraire davantage de dépenses militaires des pays de l’UE pour soutenir l’OTAN, afin de pouvoir se concentrer sur la Chine. À l’intérieur de l’UE, ses deux États les plus puissants sont en désarroi. L’agence de notation Moody’s a dégradé la dette française, tandis que le président Emmanuel Macron peine à nommer un gouvernement stable à partir d’une assemblée qui s’est retournée contre lui. Le chancelier allemand Olaf Scholz a torpillé sa propre coalition, provoquant une élection anticipée en février prochain. Pendant ce temps, l’industrie allemande continue de s’effondrer.

Étant donné les conditions auxquelles l’UE est confrontée, et les avantages économiques et politiques qu’elle tirerait d’un alignement de plus en plus étroit avec Bruxelles, on pourrait raisonnablement s’attendre à ce qu’elle montre un peu plus d’humilité et de chaleur dans son approche envers la Grande-Bretagne. Cela dit, la Commission européenne est une bureaucratie vacillant au-dessus d’un continent bouillonnant de mécontentement populaire. Son agressivité envers les négociations reflète un manque de soutien démocratique significatif de la part des nations d’Europe. Les partisans de Starmer font constamment référence à sa cruauté. Jusqu’à présent, elle n’a été évidente que dans son ambition personnelle. Si une telle cruauté doit avoir une valeur politique, qu’il la montre dans les négociations avec l’UE au nom de la Grande-Bretagne.


Philip Cunliffe is Associate Professor of International Relations at the Institute of Risk and Disaster Reduction, University College London. He is author or editor of eight books, as well as a co-author of Taking Control: Sovereignty and Democracy After Brexit (2023). He is one of the hosts of the Bungacast podcast.

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