Dans son discours à Mansion House lundi, Keir Starmer a observé que la Grande Modération — une période allant du milieu des années 1980 à 2007 et apparemment caractérisée par la stabilité mondiale, une faible inflation et une croissance économique soutenue — n’était plus. En peignant un tableau d’un monde dangereux et volatile, il a supposé que la « vraie » politique étrangère se caractérise par des perturbations plutôt que par la stabilité.
Ces déclarations d’une évidence indéniable étaient les points forts d’un discours qui, tout comme la réputation de l’homme lui-même, s’est révélé fade. Starmer a surtout exprimé des platitudes et insisté sur le fait que la Grande-Bretagne est une nation respectueuse des règles, dont la conscience devrait être l’envie du monde.
On a surtout noté des omissions frappantes. La décision de Starmer de transférer la souveraineté des îles Chagos à Maurice, contre les souhaits du peuple chagossien, était notablement absente de ses remarques. Des propositions comme l’extension de la taille de la composition permanente du Conseil de sécurité de l’ONU, ou même l’abandon de l’adhésion permanente de la Grande-Bretagne, n’ont pas été abordées.
Les positions de politique étrangère que Starmer a défendues différaient peu en substance de celles du précédent gouvernement conservateur. Starmer a promis de soutenir l’OTAN, l’Ukraine, la « relation spéciale » avec les États-Unis et la coopération avec l’UE, tout en écartant une union douanière, la liberté de circulation ou l’adhésion. Il n’y avait pas grand-chose dans le discours de Starmer qui n’aurait pas pu être dit par Rishi Sunak ou même Boris Johnson.
Cependant, ce ne sont pas ses prédécesseurs conservateurs que Starmer a utilisé comme comparaisons, mais plutôt Clement Attlee et le gouvernement travailliste d’après-guerre. Face à un monde dangereux et à une crise économique et sociale intérieure après la Seconde Guerre mondiale, Starmer a soutenu qu’Attlee a montré que la Grande-Bretagne pouvait poursuivre l’intérêt national et l’internationalisme. Il n’y avait alors pas de contradiction entre les deux.
En tant qu’historien du Parti travailliste, je ressens une certaine familiarité, voire une intimité, avec le groupe original de personnes qui composaient les grands gouvernements travaillistes d’autrefois (avec un accent sur le « d’autrefois »). Et quand Starmer en est arrivé à les mentionner, j’ai eu envie de dire : « Je connaissais Clem Attlee. C’était un ami à moi. Vous, notre Premier ministre actuel, n’êtes pas Clem Attlee ». Pourquoi cela ? Simplement car le discours de Starmer a démontré son incompréhension fondamentale de l’approche du gouvernement Attlee en matière de politique étrangère.
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