La Banque centrale européenne (BCE) a publié des chiffres sur l’inflation pour la zone euro, montrant que l’inflation est revenue à l’objectif de 2% fixé par la banque centrale. Toutefois, ce chiffre global masque une divergence considérable entre les pays européens. Ces différences pourraient poser un problème majeur, car elles fragilisent la base même d’une politique monétaire unique.
La Slovénie, l’Irlande et la Lituanie ont enregistré des taux d’inflation annuels de 0 à 0,1%, ce qui suggère que ces pays risquent de sombrer dans la déflation, avec pour conséquence une possible récession. En revanche, la Roumanie, la Belgique et l’Estonie ont affiché des taux d’inflation de 4,5 à 5%, bien au-dessus de l’objectif de 2%.
Un des défis majeurs de la zone euro a toujours été d’harmoniser les taux d’inflation. Lorsque ces taux divergent de manière significative entre les pays, une politique monétaire unique perd toute pertinence. La récente poussée inflationniste semble avoir causé des dommages structurels profonds au projet d’harmonisation. Pourtant, le discours économique européen est devenu si érodé et dégradé que des problèmes, autrefois âprement débattus, sont désormais à peine évoqués.
Les décideurs et économistes européens semblent entièrement focalisés sur diverses crises externes — Covid-19, la guerre en Ukraine, et maintenant une potentielle seconde présidence de Donald Trump — ce qui les rend apparemment incapables de mener les discussions nécessaires pour maintenir le dynamisme au sein de l’Europe. Dans un discours prononcé en juillet, l’ancien président de la BCE, Mario Draghi, a admis que la monnaie unique est avant tout un projet politique, dont les fondements économiques restent discutables.
« La question clé n’était pas de savoir si la zone euro était une zone monétaire optimale dès le départ — il est évident que ce n’était pas le cas — mais si les pays européens étaient prêts à la faire évoluer vers une zone optimale au fil du temps », a déclaré Draghi. « Je peux attester que la motivation politique était réelle. » Une telle déclaration aurait été impensable il y a seulement quelques années, car elle aurait renforcé les arguments des anti-fédéralistes européens contre ceux qui prônent la centralisation du projet européen. De telles préoccupations ne sont plus soulevées aujourd’hui.
En ce qui concerne les tarifs imposés par Trump, le consensus semble indiquer qu’ils nuiront à la croissance plutôt que de provoquer une hausse de l’inflation. Du moins, c’est ce qu’ont déclaré le vice-président de la BCE, Luis de Guindos, et le président de la Bundesbank, Joachim Nagel, aux journalistes. Cette évaluation est probablement juste, mais uniquement si les tarifs sont imposés à l’Europe par les États-Unis. En revanche, si l’Amérique exerce également des pressions sur l’Europe pour qu’elle impose des tarifs à la Chine, le résultat pourrait bien être inflationniste.
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