Il y a quelques années, une voix off virale est apparue sur TikTok dans laquelle une jeune femme, interrogée sur son emploi de rêve, répond langoureusement : « Chérie, je ne rêve pas de travail. » Cela a rapidement été suivi par la tendance du #quittok, où des travailleurs diffusaient en direct leur départ de leur emploi dans le cadre de « La Grande Démission », puis le culte du « quiet quitting », où des créateurs de contenu se vantaient de faire le strict minimum plutôt que de risquer l’épuisement.
Aussi désinvoltes que puissent sembler ces modes en ligne, il s’avère que les jeunes abandonnent vraiment le rêve capitaliste. Selon l’Office for National Statistics, le taux de chômage chez les jeunes a atteint un niveau record de 1,2 million, tandis qu’un nombre record de 789 000 personnes âgées de 16 à 24 ans ne sont ni en études à temps plein, ni employés, ni à la recherche d’un emploi — une augmentation de 48 % en seulement deux ans.
Comment en sommes-nous arrivés à une situation où un pays peut être désespérément en manque de travailleurs, mais avoir aussi plus d’un million de jeunes ni en éducation à temps plein ni employés ?
Comme toujours, la crise de la santé mentale des jeunes semble être en partie responsable. Selon une recherche de The Prince’s Trust, un jeune sur cinq a manqué l’école ou le travail au cours de l’année écoulée en raison de sa santé mentale, tandis que 32 % des jeunes économiquement inactifs ont déclaré qu’ils n’avaient pas pu postuler à des emplois à cause de cela. La Grande-Bretagne est également une anomalie internationale en ce qui concerne le nombre de personnes en congé maladie, en hausse de 27 % depuis la pandémie de Covid-19. Fait intéressant, les étudiants universitaires sont désormais l’un des plus grands contributeurs : en 2021-22, plus de 63 000 diplômés sont passés directement des études à la maladie de longue durée, contre environ 37 000 en 2019-20.
Pourquoi les jeunes d’aujourd’hui sont-ils si définis par l’anxiété plutôt que par l’ambition ? La réponse est inévitablement multiple : des éducations protégées, des perturbations dues à la pandémie, des attentes gonflées par les réseaux sociaux, un manque d’aspiration car toutes les anciennes récompenses du travail acharné — comme acheter une maison — semblent désespérément hors de portée. Le travail est souvent difficile, surtout au début : de longues heures, de longs trajets, de longues journées à rédiger des lettres de motivation et des candidatures. Pour beaucoup trop de personnes, des salaires stagnants, la crise du coût de la vie et un fardeau fiscal record ont rendu tout cela encore plus peu attrayant, mais aussi carrément écrasant.
Dans quelle mesure le déclin de l’emploi des adolescents est-il à blâmer ? Le nombre d’adolescents ayant des emplois à temps partiel a été divisé par deux par rapport à la génération de leurs parents, et donc plutôt que de faire du babysitting, de promener des chiens, de jardiner ou de distribuer des journaux, ils passent leur temps libre à l’intérieur, attachés à leurs téléphones. La grande majorité rate donc une occasion de gagner leur indépendance financière, une éthique de travail, de la confiance, des réseaux sociaux, mais aussi, et surtout, un sens du devoir.
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