Pour
certaines entreprises occidentales opérant en Russie, adopter une position
morale ne semble pas toujours logique. Le plus grand groupe de services
pétroliers au monde, la société américaine SLB, a été signalé pour avoir étendu ses
opérations en Russie, publiant 1 000 offres d’emploi depuis décembre et
enregistrant deux nouvelles marques via des filiales locales le mois dernier.
Alors
que ses deux principaux concurrents américains ont vendu leurs activités russes
à des gestionnaires locaux après l’invasion de l’Ukraine en 2022, SLB ne s’est
jamais engagé à faire de même et semble désormais capitaliser sur le manque de
concurrence. L’Agence nationale ukrainienne de prévention de la corruption a
qualifié SLB de ‘sponsor international de la guerre’, mais l’École
d’économie de Kyiv a révélé que
seulement 11 % des entreprises internationales ont quitté la Russie depuis le
début du conflit, celles qui restent ‘profitant de leur élan pour s’emparer des
parts de marché laissées vacantes.’
Malgré la
rhétorique politique américaine condamnant toute coopération avec la Russie —
Washington a récemment qualifié l’utilisation continue par la Hongrie des
combustibles fossiles russes d”addiction
dangereuse‘ — des centaines de grandes entreprises américaines continuent
d’y opérer. Plus tôt cette année, le PDG du géant alimentaire américain
Mondelez a
affirmé que les investisseurs ne se soucient pas ‘moralement’ de rester, et
que c’est le risque pour leurs actifs qui guide leurs décisions.
Les
enjeux sont particulièrement élevés dans le commerce de l’énergie et des
combustibles, compte tenu du statut de superpuissance de la Russie en matière
de matières premières. Couper les liens avec Moscou n’a jamais été aussi simple
que les politiciens voudraient le faire croire. En
2023, l’ONG Global Witness a révélé que l’UE a importé 130 millions de
barils de produits ‘blanchis’, d’une valeur totale de 1,1 milliard d’euros,
provenant de raffineries traitant du brut russe. Par ailleurs, l’UE continue
de payer des sommes considérables pour le gaz russe, en dépit de l’invasion
de Koursk, ce qui menace les flux de gaz par pipeline vers l’Europe centrale
via l’Ukraine.
Dans ce contexte, les investisseurs davantage préoccupés par les résultats financiers que par une déclaration morale peuvent questionner le zèle des entreprises qui ont quitté la Russie. Le patron de la société pétrolière et gazière suisse ABB, qui a déjà quitté le pays, a déploré l’ ‘avantage concurrentiel’ dont bénéficient ceux qui sont restés.
C’est
un dilemme pour Washington, étant donné les efforts concertés des États-Unis
pour devenir le nouveau fournisseur de combustibles fossiles de l’Europe. Les
États-Unis fournissent désormais environ la
moitié des approvisionnements en GNL de l’UE, contre un quart avant la
guerre. Le Département d’État américain reconnaît qu’il est ‘engagé à réduire
les profits de Poutine’, mais qu’en ce qui concerne le travail d’entreprises
comme SLB, ‘viser simplement à arrêter
le flux de pétrole russe aurait de graves conséquences pour l’économie
mondiale’.
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