Les ministres ont adopté une position ferme. « N’en doutez pas : nous vous attraperons, » a déclaré le Premier ministre Keir Starmer lors d’une conférence de presse d’urgence le week-end dernier. La ministre de l’Intérieur, Yvette Cooper, l’a soutenu. « Il y aura des personnes qui pensaient partir en vacances cette semaine, et au lieu de cela, elles recevront la visite de la police, » a-t-elle averti, promettant une « justice rapide » pour les émeutiers.
Si seulement ils pouvaient s’adresser aux milliers d’hommes qui violent des femmes ou qui battent leurs partenaires dans ce pays. Peu de coupables devront jamais faire face à un interrogatoire de police ou entrer dans une cellule de police, même si la violence contre les femmes est une « urgence nationale », selon un rapport des chefs de la police le mois dernier.
Les ministres n’ont pas réagi comme [NDT : l’inspecteur de police du film] Dirty Harry à ce rapport, nous rappelant qu’il y a deux types d’urgence. Les femmes luttent contre l’une depuis des décennies, regardant avec une rage impuissante les niveaux enregistrés de violence sexuelle et domestique qui continuent d’augmenter. Les ministres se lamentent et commandent encore plus de rapports, mais ils ne font pas de promesses concernant une « justice rapide » ou des châtiments pour les hommes qui soumettent les femmes à une violence sexuelle atroce.
Ils ne disent bien sûr pas aux violeurs « Nous vous attraperons. » Pourquoi le feraient-ils ? Nous savons tous que ce n’est pas vrai. Dans la poignée de cas de viol qui se soldent par des poursuites, les retards parlent d’eux-mêmes. Une analyse de 211 procès pour viol au deuxième trimestre de l’année dernière a montré que la durée moyenne entre l’inculpation et la date de fin était de 558 jours. Cela représente plus de 18 mois, en d’autres termes.
L’attente de justice place un fardeau insupportable sur les plaignantes, qui doivent se préparer à l’épreuve de l’interrogatoire hostile et qui peuvent même se retrouver menacées par l’accusé ou ses amis. Pas étonnant que tant de victimes — près de 70%, selon des chiffres officiels — abandonnent les enquêtes, incapables de supporter de tels retards.
Il y a ensuite l’autre type d’urgence, celui qui passe à la télévision. Malgré les images dramatiques de désordre dans tout le pays au cours des huit derniers jours, les chiffres sont relativement faibles : un peu plus de 420 personnes ont été arrêtées jusqu’à présent, pour des infractions telles que l’utilisation de mots et de comportements menaçants.
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