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Les réfugiés ne résoudront pas la crise de l’emploi en Allemagne

Germany has struggled to deal with an influx of asylum seekers in recent years. Credit: Getty

juillet 15, 2024 - 1:00pm

Les demandeurs d’asile doivent-ils être contraints ou autorisés à travailler ? Comme ce fut communiqué ce week-end, c’est la question que l’Allemagne se pose alors qu’elle équilibre les pénuries de main-d’œuvre dans l’économie avec le nombre croissant de réfugiés entrant dans le pays. Alors que c’est un débat qui doit avoir lieu en Allemagne, cela doit se faire sans brouiller les frontières entre les véritables réfugiés, les immigrés clandestins et les travailleurs étrangers qualifiés. 

Avec plus de trois millions de réfugiés y vivant, l’Allemagne est l’un des plus grands hôtes de demandeurs d’asile dans le monde. Rien que sur l’année dernière, plus de 350 000 personnes ont fait une demande, une augmentation de plus de 50% par rapport à 2022 – et cela sans compter le million de réfugiés ukrainiens qui n’ont pas à demander l’asile. 

La grande question demeure de savoir si l’Allemagne peut se permettre les coûts croissants qui accompagnent cette approche. Les dépenses liées à l’asile pour le gouvernement fédéral devraient s’élever à environ 21,3 milliards d’euros, soit 5% du total cette année. Ajoutez le coût de l’immigration, et le chiffre passe à 48,2 milliards d’euros – presque équivalent aux dépenses régulières pour la défense l’année dernière. 

Mais la véritable pression repose sur les districts locaux qui se voient attribuer un nombre fixe de personnes à loger. Berlin à elle seule a dépensé 1 milliard d’euros l’année dernière pour les réfugiés, dont certains sont contraints par les conseils locaux de travailler avec une rémunération basse. 

Dans l’arrondissement de Saale-Orla, dans l’État de Thuringe, des dizaines de réfugiés effectuent quatre heures de travail communautaire par jour pour 80 cents de l’heure ou 64 euros par mois en plus de leur allocation. La plupart aident à la gestion du logement dans lequel ils sont hébergés. Une minorité est déployée à l’extérieur. 

Une réfugiée syrienne, Hanan Baghdadi, 49 ans, lave des maillots de football au club de football Blau-Weiß à Neustadt, déclarant à un journal allemand qu’elle est « satisfaite de mon premier emploi en Allemagne ». D’autres réfugiés travaillent dans une banque alimentaire locale, emballant des courses dans des sacs. 

Le conseiller de district Christian Hergott y voit une façon de donner aux réfugiés la chance d’établir une routine quotidienne et d’apprendre l’allemand. S’ils sont autorisés à rester, ils auront fait leurs premiers pas vers la recherche d’un emploi. Si l’asile est refusé, le programme leur permettra de « donner en retour à la société et au contribuable allemand », comme l’a expliqué Herrgott dans une interview

Mais il y a de la contrainte derrière le projet. André Schröder, conseiller de district dans l’État de Saxe-Anhalt, a demandé à 64 demandeurs d’asile d’aider à transporter des sacs de sable vers des zones où des inondations importantes avaient eu lieu. Parmi ceux qui ont été sollicités, 25 ne se sont pas du tout présentés. Ceux qui n’ont pas pu donner de raison valable ont été sanctionnés en voyant leur allocation mensuelle de 470 euros réduite de moitié pendant trois mois. 

De tels programmes de travail sont profondément controversés en Allemagne. Certains soutiennent qu’ils mettent « l’exploitation avant l’intégration », comme l’a dit un journal. Pro Asyl, la plus grande ONG pro-immigration d’Allemagne, a fait pression pour que tout travail obligatoire soit supprimé et que les réfugiés aient un accès immédiat au marché du travail. 

La coalition au pouvoir de centre-gauche semble être d’accord et envisage actuellement une législation qui supprimerait les obstacles légaux pour que les réfugiés puissent travailler, même si leur droit de séjour n’a pas été établi. Selon les plans, les autorités locales auraient deux semaines pour répondre à un employeur qui souhaite embaucher un demandeur d’asile. En l’absence de réponse, l’entreprise peut procéder à l’embauche. En d’autres termes, si les autorités sont dépassées, le marché peut embaucher des personnes malgré tout. 

En principe, l’accès à une nouvelle main-d’œuvre peut être souhaitable compte tenu de la pénurie de compétences aiguë en Allemagne. En pratique, cela ne résoudra pas le problème. Le nombre de médecins, d’aides-soignants ou d’ingénieurs qui se trouvent parmi les demandeurs d’asile tient complètement du hasard mais ce nombre est aussi inconnu tant que leurs demandes n’ont pas été traitées, une tâche rendue encore plus difficile par le fait que la majorité des réfugiés arrivent sans papiers. Cette année, 57% n’avaient même pas de passeport, sans parler d’un diplôme universitaire ou professionnel. Les autorités locales n’ont aucune chance d’effectuer ne serait-ce que des vérifications de sécurité de base en deux semaines dans ces conditions. 

Les autorités sont également censées veiller à ce que les conditions d’emploi soient comparables aux normes allemandes. L’idée est d’éviter l’exploitation et l’effet de baisse des salaires — ce qui ne peut se produire dans le cadre de délais de traitement irréalistes. De plus, actuellement, seuls la moitié des demandes d’asile sont accordées, ce qui fait que l’autre moitié des nouveaux arrivants sont des immigrants illégaux sans droit de séjour dans le pays mais potentiellement embauchés pour y travailler. Il ne semble pas juste qu’un travailleur qualifié envisageant de s’installer en Allemagne avec un visa régulier doive faire face à des obstacles significativement plus élevés. 

Le nombre élevé de réfugiés en Allemagne et la pénurie de compétences sont tous deux des problèmes énormes et complexes qui exigent un débat honnête, surtout compte tenu du climat politique tendu dans le pays. Mais la solution n’est pas de confondre les deux. 


Katja Hoyer is a German-British historian and writer. She is the author, most recently, of Beyond the Wall: East Germany, 1949-1990.

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