Moins d’un mois plus tard, les rois jumeaux de la crypto ont rejoint le mouvement. Tyler Winklevoss a publié un post sur X de 1400 mots en fin de semaine dernière en tant que partisan de Trump. Son frère jumeau Cameron a suivi 15 minutes plus tard, écrivant qu’il voterait également pour Trump en novembre. Tous deux ont fait un don de 1 million de dollars en Bitcoin à la campagne de Trump, citant la position du candidat sur les cryptomonnaies dans leurs raisons de soutien. «Pour ceux qui ne veulent pas tout lire » a écrit Cameron, « le président Trump est : Pro-Bitcoin Pro-Crypto Pro-Affaires. »

Tyler et Cameron, surtout connus pour leur querelle avec Mark Zuckerberg sur la création de Facebook, travaillent maintenant respectivement en tant que PDG et président de Gemini, une fragile bourse d’échange de crypto. Pionniers de la monnaie numérique, les frères Winklevoss ont été ciblés par un ennemi commun de Trump : la procureure générale de New York, Letitia James.

Leur soutien est arrivé peu de temps avant l’apparition de Trump sur le podcast All-In, le mettant face à face avec les investisseurs en capital-risque Sacks et Chamath Palihapitiya, qui ont co-organisé la collecte de fonds mentionnée il y a seulement trois semaines. Les récapitulatifs médiatiques de soutien similaires incluent Shaun Maguire de Sequoia Capital et Jacob Helberg de Palantir. (Le co-fondateur de Palantir, Peter Thiel, a refusé de financer Trump cette fois-ci. Son co-auteur de Zero to One, Blake Masters, se présente au Congrès en tant que républicain pro-Trump en Arizona.)

En plus de tout cela, Martin Shkreli, que l’on surnomme « Pharma Bro », affirme désormais qu’il a créé la cryptomonnaie DJT le  avec le fils de Trump, Barron, bien que les preuves de l’implication de ce dernier soient limitées, sans surprise. Nathan Leamer, analyste de centre-droit au Digital First Project, m’a dit que les endorsements « ont du sens » car Trump « s’engage avec ceux qui transforment notre monde ».

Le pipeline crypto-vers-Trump est assez direct. Pour le moment, du moins, l’administration Biden n’est pas favorable à ce secteur — et Trump exploite avidement cette rupture. On pourrait en dire autant des affaires en général, étant donné le programme de déréglementation de Trump qui a même réussi à attirer un échantillonnage de hauts soutiens financiers en 2016 et 2020. Comme Sacks, Palihapitiya et les frères Winklevoss, bon nombre de ces soutiens ont des antécédents de dons similaires à ceux de Trump lui-même, répartis entre les républicains et les démocrates.

Ce qui est différent désormais, c’est l’impudence de l’enthousiasme pour Trump – un rebondissement inimaginable dans les jours tendus après le 6 janvier, lorsque même les conservateurs les plus fervents s’éloignaient nerveusement de MAGA, [NDT : Make America Great Again, le slogan de Donald Trump]. C’est une tendance seulement rendu possible grâce au « changement d’ambiance » actuel, où les dénonciations sérieuses ont perdu de leur valeur auprès des attachés de presse, des milliardaires et des citoyens lambda. La structure des autorisations est en train de changer.

Alors que la cryptomonnaie et la politique étrangère ont clairement suscité plus d’excitation publique (et peut-être privée) pour Trump, leurs motivations sont évidemment plus larges. Dans son post de soutien sur X, Tyler Winklevoss a argumenté que l’administration Biden « a démantelé notre mode de vie économique et le système qui a fait de l’Amérique le plus grand pays du monde ». Un « énorme retournement en faveur de Biden » comme l’a décrit Forbes hier pourrait ne pas suffire.

Il n’y a vraiment pas de moyen facile de quantifier l’énergie de Trump dans la finance et la technologie. Même si cela se traduit par de petites victoires pour le candidat républicain, des Afro-Américains aux jeunes électeurs, ces gains menacent d’ouvrir les vannes à une « cascade de préférences », pour emprunter une expression à Sacks.

Alors que les entreprises américaines semblaient brièvement capturées par la gauche culturelle – j’en veux pour preuve la rupture amère du Grand Old Party avec la Chambre de commerce – le résultat le plus probable ressemble maintenant à quelque chose de différent et plus familier. Comme d’autres coins de l’Amérique, la Silicon Valley, autrefois le fief de Barack Obama, est désormais polarisée.