Cette semaine, le Washington Post et le groupe de recherche en marketing Ipsos ont conjointement publié un nouveau sondage révélant que 61 % des Américains pensent que les efforts en matière de DEI (Diversité, Équité et Inclusion) dans les entreprises sont ‘une bonne chose’, et que le soutien augmente à 69 % lorsque le concept de DEI est expliqué dans une définition d’une phrase complète. Pendant ce temps, les entreprises à travers le pays sont en train de démembrer les programmes DEI adoptés en 2020 et 2021, citant leur impopularité. Peut-on vraiment se fier à ces nouveaux chiffres ?
Cet exemple démontre dans quelle mesure la formulation d’un sondage d’opinion peut influencer les résultats. Nous pourrions nous demander quelle était la description complète de DEI offerte aux répondants. La voici : ‘Des programmes visant à embaucher davantage d’employés issus de groupes sous-représentés dans leur effectif, tels que les minorités raciales et ethniques et les personnes en situation de handicap, et à promouvoir l’équité sur le lieu de travail’. La première chose que nous pourrions remarquer ici est que le mot le plus important à définir dans la trinité DEI et le plus sujet à interprétation erronée — l’équité — reste indéfini.
Pourquoi ? Parce que pour que les répondants au sondage réagissent positivement à DEI, le sondeur doit éviter de perturber l’impression populaire erronée selon laquelle l’équité signifie la même chose que l’égalité (la valeur fondamentale américaine offrant des opportunités égales à tous), même si cela signifie nous offrir une définition circulaire. Les mots sont faciles à confondre, mais l’équité, contrairement à l’égalité, signifie que notre critère de succès devrait être des résultats égaux entre différents groupes, et non une opportunité égale. C’est de ce concept d’« équité » que sont nées bon nombre des politiques les plus extrêmes de l’ère DEI.
Ce qui influence également les réponses des répondants sur le concept de DEI est que bon nombre de ces politiques d’entreprise extrêmes (mais très courantes) ne sont pas répertoriées dans la section suivante du sondage demandant leur avis sur des politiques spécifiques. Celles qui sont répertoriées sont présentées de la manière la plus charitable possible. Les politiques répertoriées (toutes sauf la dernière obtenant bien plus de 60 % d’approbation) étaient ‘des opportunités de mentorat pour les groupes sous-représentés’, ‘des formations contre les opinions subjectives’, ‘des stages pour les groupes sous-représentés’, ‘des efforts de recrutement pour les groupes sous-représentés’, ‘des groupes de ressources ou d’affinité pour les groupes sous-représentés’, et ‘augmenter la rémunération des cadres si les objectifs de diversité sont atteints’.
Absent de cette liste sont des politiques telles que l’établissement d’objectifs raciaux ou de genre pour l’embauche et la demande d’explications aux cadres ou comités si les recherches d’emploi n’aboutissent pas à un candidat du ‘bon’ groupe, l’exigence de déclarations de diversité des candidats à un emploi, de nouvelles initiatives d’entreprise sur l’impact racial avant toute autre considération commerciale, et l’établissement de quotas raciaux ou de genre pour la représentation au conseil d’administration. Cela avant d’en arriver au dons de fonds d’entreprise à des œuvres de bienfaisance politiques basées sur des priorités de justice sociale, ou à l’obligation pour les employés d’assister à des formations basées sur des textes tels que White Fragility de Robin DiAngelo (aucune desquelles ne pourrait être décrite de manière équitable comme des ‘formations contre les opinions subjectives’).
Une autre nuance vitale (et rarement mentionnée) est le choix du mot ‘sous-représentés’ dans ce sondage pour décrire chaque politique. Ce mot est conçu pour convaincre le lecteur que l’écart en question est un problème qui doit être résolu plutôt qu’une simple lacune due à un certain nombre de facteurs (dont beaucoup n’indiquent aucune injustice sous-jacente). Appeler un groupe de personnes ‘sous-représenté’ est tout comme appeler un pneu ‘sous-gonflé’ : c’est nous dire que la sous-représentation doit être corrigée, et par extension que toute initiative visant à la corriger est bonne. C’est une manière subtile d’insérer un raisonnement circulaire dans la formulation de la question.
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