Selon les
visions enthousiastes de quelques Américains en ce moment, l’Angleterre a subi
une transformation radicale. Finis les fascinantes duchesses douairières
acerbes, les servantes qui font des révérences, les sorciers et les crumpets. À
l’heure actuelle, des gangs de violeurs en quete d’asile se promènent sans
contrôle dans le Nord, tandis qu’au Londonistan, la police métropolitaine
reçoit ses instructions des mollahs. Des juges communistes jettent en prison
des mères de famille entre deux âges pour avoir eu des moments d’intimité sur
Facebook ; des bustes de Winston Churchill sont ornés de drapeaux aux couleurs
de la fierté gay; et Keir Starmer est rarement vu debout, vu qu’elle pose le
genou à terre des qu’elle en a l’occasion.
Certainement
au grand dam du ministère britannique du tourisme, Elon Musk a rejoint le
mouvement, prenant une pause de ses tentatives de faire
exploser des bombes nucléaires sur Mars pour en placer une plutôt métaphorique
dans son discours. Il a qualifié la situation au Royaume-Uni de marquée par une
« justice à deux vitesses » et a prédit que « la guerre civile est
inévitable ». Au cours des deux
dernières semaines, Musk a diffusé une série de publications et de mèmes, se
moquant des efforts de Keir Starmer et de son Procureur general
pour faire peur aux criminels potentiels en les avertissant des lourdes
conséquences pour ceux qui participeraient à des émeutes ou inciteraient à la
violence en ligne.
C’est ce
dernier point qui a particulièrement irrité Musk. La législation britannique
sur les infractions de communication inclut depuis longtemps des sanctions pour
l’envoi de messages « grossièrement offensants » et
« indécents », ainsi que pour les messages obscènes et menaçants. La loi de
l’année dernière sur la sécurité en ligne a également érigé en infraction
pénale les messages sciemment faux destinés à causer « un préjudice
psychologique ou physique non négligeable à un public éventuel “ sans ” motif
raisonnable ». Par ailleurs, la loi sur la justice pénale exige généralement
que l’hostilité raciale ou religieuse soit considérée comme une circonstance
aggravante en cas de condamnation pénale, ce qui entraîne des peines plus
lourdes qu’en l’absence d’une telle circonstance. Le fait de plaider coupable
signifie également que la décision peut être plus rapide que lorsque la
culpabilité doit être établie lors d’un procès.
En
conséquence, plusieurs décisions judiciaires rapides et apparemment
draconiennes ont été prises ces derniers jours,
décisions que Musk a mises
en avant auprès de ses fervents abonnés. Il les a contrastées avec des affaires criminelles
apparemment plus clémentes impliquant des immigrants au Royaume-Uni. « Nous
sommes au Royaume-Uni en 2030, et vous êtes exécuté pour avoir posté un
mème… » écrit-il dans un de ses posts typiquement provocateurs. Les
retweets ont inclus des mèmes comparant la police britannique á la SS, et Starmer
á un nazi, le tout avec humour — une comparaison discutée, surtout en rappelant
que c’est le Parti conservateur qui a initialement introduit la loi sur la
sécurité en ligne.
Un autre mème, comparant une photo d’une femme extrêmement
blonde entourée d’hommes noirs en sous-vêtements avec une autre d’un policier
blanc au milieu de leaders de la communauté musulmane, a été diffusé avec les
mots : ‘J’ai trouvé cette image du système judiciaire britannique.’ Juste en
dessous, il a écrit : ‘Ce mème pourrait vous valoir 3 ans de prison au
Royaume-Uni (en réalité)’. On peut supposer que Musk s’inquiète en partie pour
son modèle économique : conformément à la loi sur la sécurité en ligne, l’Ofcom
a désormais le pouvoir de lui infliger une amende correspondant à 10 % des «
recettes mondiales admissibles » d’une année pour ce que les utilisateurs font
sur X.
En toute
objectivité, il y a plusieurs façons d’attaquer la légitimité morale de
condamner quelqu’un à trois mois de prison, par exemple, pour avoir utilisé
deux émojis
sur Facebook – un visage basané à côté d’une arme à feu – ou pour avoir
écrit « faites exploser la mosquée avec les adultes qui s’y trouvent » dans
un groupe communautaire en ligne. On
pourrait remettre en question l’utilisation de facteurs aggravants dans la
détermination des peines concernant la parole. On pourrait soutenir que
l’illégalité devrait dépendre de l’établissement d’un lien de causalité entre
un post particulier et un cas de troubles violents, plutôt que de simplement
poser un contre-factuel vague. De nombreux posts racistes sur les réseaux
sociaux pendant les émeutes sont causés par les émeutes plutôt que l’inverse, et
pourtant le système ne reflète pas cela.
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