Avec la fin du Fringe d’Édimbourg, d’innombrables artistes vont désormais compter le nombre de critiques tant convoitées de quatre ou cinq étoiles qu’ils ont obtenues. Pour la plupart, cependant, il n’y en aura même pas une. J’y étais, et laissez-moi vous dire qu’il est difficile de ne pas prendre le rejet personnellement, surtout lorsque votre spectacle est centré sur vous-même.
Du Du cancer à la sortie du placard, de la pauvreté à la prison, et de l’addiction au TDAH, le Fringe de cette année avait de quoi satisfaire quiconque avec un penchant voyeuriste. Cette explosion de comédies, de musiques et de drames explorant les adversités personnelles a culminé cette année avec le succès télévisé Baby Reindeer, né lui-même à Édimbourg. Aujourd’hui, il semble que nous soyons insatiables de ces récits basés sur “l’expérience vécue’.
Mais bien des années avant que ce genre de récit personnel ne devienne un pilier des arts, j’étais l’un des pionniers involontaires qui ont expérimenté ce type de narration hautement personnelle dans le domaine le plus glamour et prestigieux de tous: le troisième secteur en Écosse.
En 2001, alors que je faisais le deuil de la mort soudaine de ma mère, alcoolique et toxicomane, et que je subissais le choc d’une rupture familiale qui m’avait laissé sans abri et sur le chemin de l’alcoolisme, je portais en moi un lourd fardeau de chagrin et de colère, en quête d’une échappatoire. Rapidement, j’ai commencé à transformer mon traumatisme en ma meilleure tentative d’art. Une fascination croissante pour le hip-hop et le rap s’est rapidement transformée en obsession : des carnets remplis de paroles et d’idées, des pantalons amples, des sweats à capuche et des écouteurs, ainsi que l’attitude provocatrice qui allait de pair avec cette culture.
En me produisant localement sous le nom de Loki lors de soirées open-mic et de battles de rap, j’ai canalisé ma fureur adolescente en récits autobiographiques, portés par des rythmes de boom-bap poussiéreux. Ma réputation grandit au sein de la scène musicale de Glasgow, et j’ai réussi à m’établir en tant qu’artiste communautaire. C’est alors que le troisième secteur a pris contact avec moi — et mon “histoire”. Je me suis retrouvé sur scène lors de conférences où des professionnels, émus et captivés, étaient impressionnés par ma capacité non seulement à raconter mon histoire, mais aussi à la replacer dans un contexte social et économique plus large : celui de la pauvreté.
À cette époque, il semblait y avoir une soif insatiable pour mes récits d’adversité. Que ce soit pour militer en faveur de l’indépendance écossaise, dénoncer les décideurs pour leur échec à protéger les plus vulnérables ou dans ma production musicale, tout semblait mieux reçu lorsque mes opinions ou observations étaient ancrées dans ma propre “expérience”. Cette démarche a finalement conduit à la publication, en 2017, de mon premier livre Poverty Safari — à la fois mémoire et commentaire social — dans lequel je révélais, entre autres, les expériences traumatisantes de mon enfance.
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