Un axiome rarement évoqué plane sur la crise de la liberté d’expression dans nos universités, qui n’est réfuté que par ceux dont les opinions suivent l’orthodoxie actuelle. Malgré toutes ses imperfections — et elles étaient nombreuses — le gouvernement précédent de la Grande-Bretagne a reconnu cela et a adopté sa loi sur l’enseignement supérieur (liberté d’expression) en mai 2023. Mais tout cela était-il en vain ?
Vendredi, la nouvelle secrétaire à l’Éducation, Bridget Phillipson, a informé le Parlement de son intention ‘d’arrêter tout nouveau commencement’ de la loi et ‘d’envisager des options, y compris son abrogation’. Peu de détails supplémentaires ont été fournis, si ce n’est sa prise de conscience des ‘préoccupations selon lesquelles la loi serait contraignante pour les prestataires et pour l’OfS [Office for Students]’. Faire respecter la liberté d’expression sur les campus semble être tout simplement trop contraignant.
Pendant les derniers jours du régime conservateur, beaucoup d’entre nous craignaient que ce nouveau gouvernement travailliste utilise ses nouveaux pouvoirs pour continuer sa guerre culturelle, et ce n’est pas le premier signal d’alarme. Phillipson avait déjà annoncé son intention de contraindre les écoles libres et les académies à enseigner le programme national, et qu’il serait réécrit sous la direction du professeur Becky Francis, une universitaire dont l’historique de publications a une orientation clairement militante. Alors qu’elle était à la tête de l’Institut d’éducation de l’UCL, elle a lancé le Centre de sociologie de l’éducation et de l’équité, qui accorde la priorité à ‘l’équité et à la justice sociale’ dans les écoles. L’accent mis sur ‘l’équité’ plutôt que sur l’égalité est révélateur : c’est une pierre angulaire de l’idéologie intersectionnelle, ce qui signifie que l’égalité de résultat est recherchée plutôt que l’égalité des chances.
À la lumière de cela, il est logique que la prochaine étape soit de veiller à ce que les points de vue dissidents continuent d’être étouffés dans l’enseignement supérieur. Après tout, l’introduction de la loi sur l’enseignement supérieur était une tentative très nécessaire de s’assurer que les universités défendent la liberté d’expression et la pluralité des opinions. Elle exige des universités qu’elles garantissent aux universitaires la liberté ‘de remettre en question et de tester les idées reçues’ et ‘de présenter des opinions controversées ou impopulaires’ sans risquer leur gagne-pain ou leurs perspectives d’emploi futures. Elle protège les conférenciers invités contre le désistement pour opinions controversées. Et elle exige que les organes directeurs élaborent un code de conduite qui défende ces responsabilités, et que celui-ci soit porté annuellement à l’attention de tous les étudiants. L’effet recherché, simplement dit, est de cultiver un climat plus ouvert sur le plan intellectuel en promouvant la liberté académique et l’importance de la liberté d’expression dans le cadre de la loi.
En un sens, il est décevant que de telles idées nécessitent une législation. En partie, cela est dû à un contingent activiste au sein des cercles universitaires qui est devenu habile à faire taire ses collègues. Il en résulte le développement d’une nouvelle monoculture dans l’enseignement supérieur où l’autocensure est monnaie courante. Un rapport de 2020, par exemple, a révélé qu’un universitaire sur trois de droite se censure ‘par peur des conséquences sur [sa] carrière’. Une autre étude en 2022 a montré que trois universitaires conservateurs sur quatre se censurent occasionnellement au travail.
Mais la censure n’est pas binaire, et les universitaires de gauche sont également de plus en plus exposés, notamment ceux qui sont sceptiques quant aux demandes des activistes selon lesquelles la croyance hautement contestée en ‘l’identité de genre’ devrait primer sur le sexe biologique dans les questions de politique publique. Dès 2011, Julie Bindel a été officiellement ‘No Platformed’ par le National Union of Students (NUS), lorsque les délégués à la conférence LGBTQIA+ ont adopté une motion appelée « Cette conférence estime que Julie Bindle est vile ». Ils n’ont même pas pris la peine d’écrire correctement son nom. Dans la décennie à venir, elle serait rejointe sur la liste des indésirables par un certain nombre de grandes penseuses féministes : Linda Bellos, Selina Todd, Kathleen Stock et Jo Phoenix, pour n’en citer que quelques-unes.
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