J.D. Vance : le prince du mouvement MAGA Le colistier de Trump est un 'réactionnaire' en guerre avec le 'régime'

En revanche, Vance est un millennial dont le parcours de vie lui a donné une place privilégiée pour observer les extrêmes de la nouvelle ère dorée de l’Amérique. Élevé dans une famille blanche pauvre, enfant de parents divorcés dont la mère est finalement devenue toxicomane, Vance s’est engagé peu de temps après avoir obtenu son diplôme d’études secondaires et a passé son 20ème anniversaire en tant que correspondant de guerre chez les Marines. (Premier membre de la génération de vétérans de l’après-11 septembre à figurer sur un ticket de grand parti, Vance est un critique virulent des ‘guerres sans fin’ et de la construction nationale américaine.) Il a été diplômé de l’université non-élitiste d’Ohio State juste au moment de la crise financière mondiale, puis a fait son chemin vers la richesse et le prestige via la faculté de droit de Yale, un passage dans la Silicon Valley en tant que principal pour Mithril Capital de Peter Thiel, et enfin en tant qu’auteur à succès de Hillbilly Elegy, ce qui l’a brièvement élevé au rang de pape des déshérités pour l’Amérique bleue. Tout cela pour dire que, contrairement à Trump, Vance n’a jamais connu l’Amérique confiante et cohésive du milieu du siècle, mais plutôt des versions successivement plus dysfonctionnelles du pays que nous voyons aujourd’hui : inégal, divisé et diversifié.

Depuis, selon ses propres mots, Vance a rejeté la culture des enclaves côtières élitistes d’Amérique pour avoir échoué les gens avec lesquels il a grandi. Compte tenu de ses transformations idéologiques apparentes et de son ascension vertigineuse à travers l’échelle sociale américaine, les critiques ont trouvé facile de rejeter Vance comme un opportuniste cynique — même si l’histoire d’un jeune provincial ambitieux gagnant l’admiration de la société, pour ensuite la rejeter comme fausse et hypocrite, aurait été familière à Stendhal ou Balzac.

Mais sincère ou non, Vance est un critique virulent du statu quo qui s’exprime dans le langage de la Nouvelle Droite millennial. L’énergie de ce jeune groupe politique, tout comme celle de la gauche socialiste millennial, provient des débats en ligne sur les réseaux sociaux. Comme l’a écrit Aris Roussinos sur UnHerd : « Il s’agit d’une compétition intra-élite visant à prendre le contrôle des structures de parti sclérosées pour gagner le soutien des masses à leurs projets révolutionnaires respectifs. Comme le socialisme millennial, la Nouvelle Droite représente les champs de bataille politiques du futur proche : les deux partagent un mécontentement révolutionnaire envers le statu quo et un désir de remporter la bataille idéologique à venir. »

Vance s’est décrit lui-même comme un ‘réactionnaire’ en guerre contre le ‘régime’. Il fait des références occasionnelles à son ami personnel Curtis Yarvin, et il aime prononcer des déclarations tonitruantes comme ‘Les universités sont l’ennemi’ (le titre d’un discours de 2021) et ‘Licenciez chaque bureaucrate de niveau intermédiaire’ (son conseil de 2021 lors d’un podcast à un futur président Trump). Sur X, où il est enchaîne les publications parfois pugilistes, Vance suit une multitude de comptes de droite tranchants, du blogueur réaliste sur la question de race Steve Sailer à l’infâme anarcho-fasciste Bronze Age Pervert. Et il a exprimé son soutien à certaines des passions passagères d’une foule particulière d’Internet, comme interdire la pornographie en ligne.

Quelques commentateurs libéraux, dont Chris Hayes de MSNBC et la nouvelle vache à rires Will Stancil, ont souligné ces liens comme preuve que Vance lui-même est un autoritaire en herbe, ou que son cerveau a simplement ‘mariné’, selon les mots de Hayes. Il semble cependant plus probable que ce qui apparaît comme du ‘fascisme’ pour les organes en décomposition de l’ancien mainstream américain — un monde fantasmé par des boomers et désormais rafistolé avec du ruban adhésif et des appels vides à une autorité gaspillée — soit simplement l’affirmation politique de la génération millennial, radicalisée à la fois à gauche et à droite, contre les piétés d’un établissement gérontocratique et corrompu. J.D. Vance est-il le pendant conservateur d’Alexandria Ocasio-Cortez ? Aucun des deux ne trouverait la comparaison flatteuse, mais elle est certainement plus réaliste que de voir Vance comme l’Hitler américain ou AOC comme le Mao américain.

La différence, cette semaine, est que Vance a désormais un chemin clair vers la Maison-Blanche en tant qu’héritier désigné de la boule de démolition humaine qui a fait plus que quiconque pour briser la scène politique américaine de sa période sclérosée d’après guerre froide.

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Park MacDougald is Deputy Literary Editor for Tablet

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