Entourée à la fois de pyramides aztèques et d’une monumentale cathédrale baroque, la vaste place centrale de Mexico, connue sous le nom de Zocalo, est un symbole vibrant de la nation et de la démocratie du pays. Formellement appelée ‘La Plaza de la Constitución’, c’est ici que l’armée insurgée du Mexique est arrivée en 1821 pour consolider l’indépendance de l’Espagne ; c’est ici que les forces paysannes d’Emiliano Zapata et de Pancho Villa se sont rassemblées en 1914 pendant la Révolution ; et c’est ici que les étudiants se sont réunis en 1968 pour protester contre le régime autoritaire à parti unique.
Plus récemment, le populiste aux cheveux argentés Andrés Manuel López Obrador, ou ‘Amlo’, a choisi le Zocalo comme lieu de dizaines de rassemblements lors de sa quête du pouvoir pendant 12 ans. Lorsqu’il a finalement remporté le poste de président en 2018 avec son parti Morena — abréviation de ‘Mouvement pour la Régénération Nationale’, tout en signifiant également ‘femme à la peau brune’ — il a déplacé le siège de la présidence de retour au Palais National de la place.
C’est également sur le Zocalo que l’opposition actuelle, centrée autour de la candidate à la présidence Xóchitl Gálvez, a rempli la place d’activistes vêtus de rose le dimanche 19 mai, promettant une ‘marée rose’ pour arriver au pouvoir et remplacer ce qu’ils affirment être un gouvernement autoritaire de Morena. (Le rose signale la coalition de partis de Gálvez plutôt qu’une orientation idéologique.) Cependant, ce sera presque certainement les partisans de Morena qui célébreront dimanche.
Ingénieure environnementale de 61 ans, Claudia Sheinbaum — successeur désigné d’Amlo — a été maire de Mexico de 2018 à l’année dernière. Les sondages d’opinion la montrent en tête des sondages avec une avance écrasante de 20 à 30 points sur Gálvez, la campagne n’a donc pas été très disputée. De toute façon, Sheinbaum ou Gálvez donnera au Mexique sa première présidente, devant son voisin super-puissance, les États-Unis.
Malgré les réserves des commentateurs au Royaume-Uni et aux États-Unis, les élections de ce week-end — les plus importantes de l’histoire du pays en nombre d’électeurs éligibles et de postes en jeu — sont un témoignage de la ténacité de la démocratie mexicaine. Indéniablement, son système politique est fortement imparfait, assiégé par des cartels de la drogue qui financent et assassinent des candidats ainsi que des journalistes. Mais, pour la plupart, surtout comparé au reste de l’Amérique latine, il fonctionne toujours. N’oublions pas que le Mexique n’est en rien comparable aux régimes autoritaires voisins de Cuba, du Venezuela et du Nicaragua ; il ne souffre pas non plus de l’effondrement politique du Pérou ni de l’ingouvernabilité totale d’Haïti.
Et pourtant, en lisant la presse britannique et américaine, on pourrait pardonner de penser que le Mexique glisse vers une dictature. Il y a deux ans, par exemple, l’Index On Censorship basé à Londres a nommé Amlo ‘Tyran de l’Année’, devant Vladimir Poutine ou Bashar al-Assad de la Syrie, tandis que l’Unité de Renseignement de The Economist a rétrogradé le Mexique d’une ‘démocratie imparfaite’ à un ‘régime hybride’. Par ailleurs, le Financial Times a averti que ‘la démocratie du pays est maintenant en réel danger’, tandis qu’un titre de The Atlantic qualifiait Amlo de ‘L’Autocrate d’à Côté’.
Participez à la discussion
Rejoignez des lecteurs partageant les mêmes idées qui soutiennent notre journalisme en devenant un abonné payant
To join the discussion in the comments, become a paid subscriber.
Join like minded readers that support our journalism, read unlimited articles and enjoy other subscriber-only benefits.
Subscribe